Le fait communal, incarnation des valeurs républicaines

Tribune parue dans l’Humanité en date du 30 octobre 2014. Voir ici.

La commune est une institution. En ce sens, et comme toute construction juridique, cette institution pourrait être amenée à disparaître si ceux qui en détiennent la capacité légale le décidaient. En revanche, si on se place du point de vue de la philosophie – dimension majeure de la démarche politique – et des valeurs républicaines de « liberté, égalité, fraternité », il semble que le « fait communal », lui, soit à même de résister pratiquement à tout.

Liberté, celle de décider de choix d’organisation, de politiques publiques, à un niveau où chacun peut en apprécier les effets sur sa vie quotidienne et la perception de son avenir, qu’il s‘agisse d’éducation, de culture, de solidarité, de loisirs, de qualité de vie, de développement économique et social.

Egalité, dans la capacité à permettre un accès universel aux services publics de proximité, dans le fait aussi que localement, l’effet statistique de masse s’estompe et que chaque voix, d’une certaine manière, « compte » davantage.

Fraternité, dans cette solidarité du quotidien, qui vient ajouter à l’octroi « mécanique » de prestations, nécessaires, par l’accompagnement, le lien social, les pratiques inclusives, non moins indispensable à l’épanouissement de tous.

Où donc mieux que dans le « fait communal », une organisation qui a fait la preuve de son efficacité, ces valeurs républicaines, plus que jamais universelles, peuvent-elles trouver à s’incarner ?

En France, sans doute plus que partout ailleurs, le « fait communal » reste profondément ancré dans la culture nationale. Et le maire, qui en est l’incarnation auprès des citoyens reste encore ce « héros du quotidien » qui, en tout cas beaucoup le pensent, peut améliorer l’ordinaire de tous les jours. Malgré les tentatives incessantes pour éradiquer le « fait communal », sous couvert de rationalisation et d’économies supposées, le « fait communal » résistera. Car il vient de loin ! Les cités grecques ont inventé la démocratie municipale avant même que la notion d’Etat n’apparaisse. L’émergence de villes franches au Moyen-Age, disposant d’une autonomie concédée par le souverain, témoigne aussi de ce besoin et de cette revendication de pouvoir gouverner le territoire dans la proximité, en fixant des règles localement consenties et en générant librement les ressources affectées au financement des services communs. Rien ne change vraiment dans les aspirations profondes des hommes et des sociétés qu’ils construisent.

En France en particulier, la commune garde à la fois la symbolique et la réalité de cet attachement aux libertés locales. Le maire représente non seulement la population, mais aussi le territoire, occupé de longue date par les hommes, qui font de leur enracinement une force. L’Etat doit y rester le garant du « fait communal ». Cette relation particulière entre le maire et l’Etat, le premier détenant des compétences propres dévolues par le second, est originale, même si l’évolution récente de la sociologie politique, qui voit les élus issus des appareils de partis prendre du poids à la faveur de la crise des finances publiques et avec le soutien de la haute administration, rend plus ambigu l’attitude de l’Etat.

Par expérience à la fois d’acteur et d’observateur du monde public depuis plus de trente ans, je suis plus que jamais convaincu que la France a besoin d’un « fait communal » vivant et actif, et que les Français ont besoin de leurs maires, de leur engagement, de la modernité de leur action au service de leurs concitoyens et de leur territoire, et, aussi, de leur fierté de continuer à écrire ainsi une « histoire française ». Et je me battrai, avec beaucoup d’autres, pour cela.

Pour défendre et promouvoir la commune et le fait communal, signez le Manifeste des maires.

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