Centres-villes : les maires mobilisés contre la désertification des commerces

Des rencontres publiques citoyennes portant sur l’avenir du centre-ville se tiendront bientôt à Sceaux[1]. Sans anticiper sur les sujets que les participants souhaiteront traiter, la question des commerces apparaît essentielle. 

Les centres-villes constituent le cœur de la vie des communes mais également leur poumon économique. A Sceaux, par exemple, un commerce génère en moyenne 4,7 emplois[2]. Voici les raisons pour lesquelles la hausse continue des taux de vacance des locaux commerciaux en centre-ville est inquiétante. Ce chiffre est passé de 7,2% en 2012 à 9,5% en 2015[3]. Et il est supérieur à 10% pour les seules villes de moins de 50 000 habitants. 

Les commerces sont des maillons essentiels au dynamisme des communes et au maintien du lien social. D’une certaine façon, leur présence conditionne la venue d’habitants et d’entreprises ainsi que tout ce qui peut en découler (transports collectifs, maintien de services publics de proximité, offre culturelle, sportive ou éducative). Toutes ces composantes sont imbriquées et expliquent notamment la désertification dans les territoires ruraux, malheureusement poussée à son paroxysme dans certaines régions. 

Les grandes agglomérations ne sont pas épargnées. Leurs centres-villes abandonnent leur fonction de proximité au profil d’enseignes nationales orientées shopping, loisirs ou services qui séduisent les cadres qui y vivent ou y travaillent. Ce « sur-consumérisme » n’est pas le modèle de société que je souhaite voir continuer à se développer. 

Avec 4% de locaux vides et surtout très peu de grandes enseignes, le centre-ville piétonnier de Sceaux résiste, notamment grâce à un engagement municipal très conséquent auprès des commerçants et des artisans. Les commerces et les équipements, les cafés et les restaurants, la vie qui s’y déroule, souvent intense, les rencontres qui s’y passent, font la fierté de la commune et lui permettent de drainer des visiteurs – pas forcément des clients mais aussi des simples personnes de passage – au-delà des seuls habitants, étudiants ou actifs de Sceaux. 

Mais à Sceaux comme ailleurs, conjoncture économique et révolution numérique ont renvoyé les acheteurs, flâneurs et surfeurs vers les centres commerciaux et les sites d’achat en ligne. Ces temples de l’achat sont les antithèses mêmes de l’interaction, du vivre-ensemble. D’une certaine façon, les distributeurs éloignent les gens de la ville. 

Le « tout voiture » pollue également le champ des possibles. Une enquête récente a montré – sans surprise – que le reproche principal des Scéens et des visiteurs à l’égard du centre-ville était le manque de places de stationnement. Les centres commerciaux et leurs immenses parkings gratuits l’ont bien compris. Loin d’imiter ce modèle, la ville durable, la ville agréable, la ville vivante doit résister et se concevoir davantage encore à travers les mobilités douces. Cette affaire relève de la responsabilité de tous : élus et urbanistes pour l’impulser, habitants et usagers pour y adhérer. Il en va de l’avenir. 

Les commerces sont des services – certes marchands – à part entière. Ils participent à la vie sociale du quartier en parfait complément des acteurs associatifs et des initiatives municipales. Une ville sans commerce est une ville morte. Les maires l’ont bien compris. Ils continueront de se battre pour leur centre-ville et leurs commerces.

 

[1] http://www.sceaux.fr/democratie-locale/actualites/parlons-ensemble-du-centre-ville

[2] Chiffres PIVADIS (2016) http://www.pivadis.tm.fr/

[3] http://www.procos.fr/images/procos/presse/2016/procos_dossier_presse_0616.pdf

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