Aménagement et construction durables en Ile-de-France

Les élus sont les garants de la qualité environnementale des bâtiments publics

Quelles sont les missions des conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) et comment contribuent-t-ils à la lutte contre l’étalement urbain en Île-de-France ?

La loi sur l’architecture de 1977 définit les quatre missions de service public qui incombent aux CAUE : le conseil aux particuliers, le conseil aux collectivités territoriales, la formation et l’information des citoyens et la sensibilisation du grand public. De par l’enracinement territorial et la proximité géographique, l’action des CAUE est multiforme et très concrète ; ainsi va-t-elle de la mise en place d’un « abécédaire » d’informations techniques, architecturales et règlementaires – consultable par tous sur Internet – de permanences ouvertes au public, ou encore de l’organisation de journées d’information sur de nombreux thèmes touchant au bâti, à l’espace public, à l’énergie, etc … jusqu’au conseil de nombreuses collectivités dans la maîtrise d’ouvrage selon les normes « Haute qualité environnementale » (HQE)ou la conception d’expositions (comme « La Ville dense » sur le phénomène de la densité urbaine)… pour ne citer que quelques-unes des actions menées au cours de l’année 2007 par le CAUE des Hauts-de-Seine.

En matière de lutte contre l’étalement urbain, l’Union régionale des CAUE d’Ile-de-France a contribué à la réflexion et à l’élaboration du Schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF), et a cherché à démontrer le gaspillage d’espaces et d’énergie généra par l’étalement urbain mal maîtrisé, sans compter la médiocrité architecturale de la plupart des constructions réalisées.

Comment promouvez-vous l’éco-conception architecturale et urbaine en lien avec le projet de territoire de Sceaux ?

Les opérations de création ou de renouvellement urbain sont l’occasion de promouvoir ces méthodes. A Sceaux, les espaces verts constituent 52 % du territoire : il importe essentiellement de préserver ces ressources naturelles tout en permettant à la ville de continuer à se développer. La Ville se doit bien sûr d’être exemplaire et, tenant compte de cette double contrainte, la démarche « HQE » et la norme « très haute performance énergétique » sont devenues des impératifs inscrits aux cahiers des charges tant de la Ville, de son office de l’habitat que des constructeurs privés. Ces normes sont également applicables aux travaux sur l’espace public. Les dernières réalisations d’envergure en témoignent : hôtel de ville, crèche, logements sociaux. Enfin, nous allons très prochainement lancer avec Sceaux Habitat une opération de 12 logements sociaux selon les normes Passiv’Haus, en vigueur en Autriche et beaucoup plus contraignantes que les normes françaises. Ce sera une première, qui nécessitera d’ailleurs des adaptations des règles d’urbanisme et qui préfigurera le futur PLU de Sceaux.

Les partenariats public-privé sont appelés à prendre une place grandissante dans la construction des bâtiments publics. Quel pourrait être leur impact sur le secteur des BTP et la qualité environnementale des futurs programmes immobiliers ?

On prête beaucoup d’attention et d’intérêt aux PPP. En ce qui me concerne, je suis très réservé. Quoiqu’en disent les promoteurs de ce qui n’est qu’une technique de financement – aboutissant au passage à déguiser de la dette publique, ce qui est bine pratique pour nos gouvernants … -, les PPP aboutiront à priver peu à peu les maîtres d’ouvrage de tout contrôle, y compris de vérification de l’application des normes. A court et moyen terme, le mécanisme des PPP ne me semble pas devoir avoir un impact positif dans la qualité environnementale des bâtiments publics, qui doit faire l’objet d’une volonté politique forte que seuls des élus peuvent exprimer, exiger et accepter de financer.

L’aménagement du département passe également par le projet de Vallée scientifique de la Bièvre (VSB) dont vous êtes l’un des initiateurs. Quelles démarches avez-vous définies dans ce cadre et à quelle échéance les premières réalisations opérationnelles sont-elles programmées ?

La charte de développement du territoire de la Vallée Scientifique de la Bièvre, définie en juin 2006, est le fruit d’une réflexion engagée en 1998, qui a d’abord permis aux élus, responsables de grands établissements d’enseignement et de recherche et acteurs économiques, de prendre conscience ensemble de leurs intérêts communs et de la richesse du territoire sur lequel il vivent et travaillent. Puis, nous avons mis en lumière deux axes majeurs : le potentiel spécifique de développement du territoire – en lien avec sa vocation scientifique de recherche et d’innovation – ; et plus généralement la contribution de la VSB à l’attractivité de la zone dense de la métropole francilienne.

Les projets qui résultent de cette réflexion sont nombreux : politique de partenariat entre les pôles scientifiques et le territoire, réaffirmée notamment dans le cadre du CPER 2007/2013 (Pharmatechnopôle à Châtenay-Malabry, Institut des sciences du médicament, pôle Sciences du vivant du CEA, Cancer Campus à Villejuif,…) ; amélioration des conditions d’accueil et d’hébergement des chercheurs étrangers; politique de déplacement soutenue par la Conférence territoriale de la VSB  en partenariat avec la RATP et bien d’autres encore. Mais la VSB agit comme révélateur, initiateur, cadre de coopération et de discussion. Elle n’est pas conçue pour assurer la maîtrise d’ouvrage des projets : ce sont aux collectivités territoriales, au premier rang desquelles les communautés, de s’en saisir.

La VSB a un grand avenir, grâce à la collaboration exemplaire de tous ses acteurs et à sa situation privilégiée. Une inquiétude cependant : la volonté du gouvernement de tout concentrer sur le plateau de Saclay, au détriment de territoires actifs, urbanisés, capables d’organiser un accueil de qualité.

Entretien accordé à Parlementaires de France Magazine du mois d’octobre 2008.

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