Sommet de New-York sur les OMD : les collectivités aussi !
Nés de l’accord auquel sont parvenus les dirigeants de la planète au sommet du millénaire des Nations Unies en 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (les OMD) représentent une série de huit objectifs déclinés en buts quantifiables pour la lutte contre le sous-développement.
Ils instituent un cadre de travail dans lequel s’engage l’ensemble des acteurs de la communauté internationale (système des Nations Unies, les gouvernements, les autorités locales, la société civile, le secteur privé, les médias et les milieux universitaires,…) pour éliminer la pauvreté d’ici 2015.
Les OMD tentent de couvrir la diversité des aspects du sous-développement pour s’attaquer à chaque cause de cette situation :
- Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim
- Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous
- Objectif 3 : promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
- Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans
- Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle
- Objectif 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies
- Objectif 7 : Assurer un environnement durable
- Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
À seulement cinq ans de l’échéance de 2015 fixée pour la réalisation des OMD, le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, a demandé aux dirigeants du monde de se réunir au sommet de New York du 20 au 22 septembre afin de dresser le bilan du chemin parcouru depuis 2000 et d’évaluer celui restant à parcourir jusqu’en 2015. Les facteurs de succès et d‘échec des politiques menées en faveur des OMD depuis l’an 2000 feront également l’objet d’un examen particulier. Il s’agira principalement de déterminer un plan d’action mondial pour accélérer les progrès en vue de la réalisation des OMD.
Depuis 10 ans, si certains pays ont connu des avancées notoires dans leur bataille contre le sous-développement, les inégalités persistent voire s’accroissent entre zones géographiques, entre pays. Ainsi, alors que le taux de pauvreté a baissé de manière spectaculaire en Asie du Sud Est, l’Afrique subsaharienne compte 100 millions de personnes extrêmement pauvres de plus qu’en 1990 et le taux de pauvreté reste au-dessus de 50%.
Ce constat rappelle l’ampleur des efforts qui restent à accomplir pour répondre au problème du sous-développement dans le monde. La responsabilité des Etats est évidemment engagée mais les solutions sont aussi à rechercher au niveau des villes et des territoires. D’ailleurs, dès la signature de la déclaration du millénaire, Kofi Annan annonçait que 70% des OMD ne pouvaient être atteint sans l’implication des collectivités locales.
Au plus proche des habitants, les autorités locales peuvent et doivent jouer un rôle de catalyseur du développement. Il revient aux dirigeants des territoires confrontés aux problèmes de sous-développement de proposer ces solutions locales. La coopération décentralisée contribue à la recherche et à l’invention de telles politiques territoriales, car c’est un cadre de dialogue privilégié entre gouvernements locaux.
Définie comme un partenariat entre autorités locales de nationalités différentes, la coopération décentralisée permet un partage d’expériences en vue de renforcer les capacités d’administration des autorités locales. Car si la décentralisation est aujourd’hui officiellement reconnue par un nombre croissant d’Etats, la réalité du transfert des pouvoirs au plan local ets très variable, et plutôt en régression depuis quelques années.
Lors d’une conférence de presse, le 14 septembre dernier, en tant que représentant à la fois de l’Association des maires de France (AMF) et de l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe (AFCCRE), j’ai rappelé que le sommet des Nations Unies consacré aux Objectifs du Millénaire pour le Développement devait aussi être l’occasion d’un plaidoyer pour la gouvernance locale.
La décentralisation consolide la gouvernance démocratique et renforce son efficacité en matière de développement : la participation des citoyens à l’élaboration des politiques publiques et le dialogue entre tous les acteurs (services de l’état, collectivités, société civile, secteur privé) sont les conditions nécessaires à la réalisation des objectifs du millénaire c’est-à-dire au développement durable des territoires.
On peut cependant regretter cependant que les collectivités territoriales ne soient pas mentionnées dans le projet de déclaration finale du sommet de New York, car elles sont des acteurs à part entière du développement :
- d’une part par les financements et les transferts de compétences que les collectivités territoriales notamment françaises consacrent à des projets d’aide au développement ;
- d’autre part, dans les pays en voie de développement, le niveau local est une échelle pertinente d’action. Les huit OMD ne pourront se réaliser sans la prise en compte du niveau local et donc de sa représentation politique que sont les autorités locales ;
- enfin, la gestion des biens publics mondiaux (eau, santé, éducation) et des nuisances publiques mondiales (pollution, pandémies, urbanisation galopante) doivent être traduites et concrétisées au niveau local et territorial. Pour cela l’expertise des autorités locales est indispensable (comme pour les questions de climat).
Les collectivités territoriales jouent également un rôle important sur leur propre territoire dans l’éducation et la sensibilisation au développement et à la solidarité internationale, en particulier sur les OMD, en menant et à soutenant les actions et initiatives qui permettent aux citoyens, et notamment les plus jeunes, d’être pleinement conscients du devoir de solidarité envers les plus démunis et de donner aux citoyens l’envie d’agir (subventions au tissu associatif).
Sans un engagement fort des pouvoirs locaux dans la coopération décentralisée, la France ne respectera pas ses engagements internationaux, en particulier en tant que membre de l’Union européenne, qui sont notamment que l’aide publique au développement soit effectivement portée à 0,7% du PIB d’ici à 2015.
Il faut donc espérer que les représentants de la France à New-York sauront le comprendre et par conséquent adopter à l’égard des collectivités locales une attitude plus positive que celle que les dirigeants français véhiculent en France même …