Retour d’Avignon … ou l’extraordinaire richesse de la création artistique en France grâce au soutien des pouvoirs locaux !

Après quelques jours passés au festival d’Avignon, comme chaque année, et de nombreux échanges avec élus, artistes et organisateurs, je reviens encore davantage convaincu à la fois du malaise qui règne dans le milieu de la culture et de l’immense capacité créatrice de notre société.

Le malaise, c’est tout simplement l’écart de la parole aux actes. Recevant il y a quelques mois les gestionnaires de salles (SYNDEAC notamment), le président de la République leur avait laissé entendre qu’ils ne seraient pas oubliés dans le plan de relance. Visiblement, cela n’a pas été vraiment suivi d’effets concrets. Mais les professionnels l’ont cru et ont quelque peu « snobé » les élus locaux. Les voici qui reviennent aujourd’hui. C’est une bonne leçon : les partenaires les plus solides des artistes – dans toutes les disciplines – sont désormais les collectivités locales, qui ont su à la fois investir dans des équipements et professionnaliser leurs politiques culturelles. La FNCC (fédération nationale des collectivités pour la culture) en apporte un témoignage riche, varié, et permanent.

La capacité créatrice s’exprime au fil des innombrables festivals, de théâtre, de danse, d’art lyrique, de musique, de photos, d’arts de la rue … qui, malgré la crise et les difficultés budgétaires croissantes, ont continué de faire bouger le territoire français cette année. Depuis les Vieilles Charrues, aux collaborations improbables entre deux voix bretonnantes et les tambours du Bronx, jusqu’à Orange, la création, l’innovation, l’audace est partout, en osmose avec le lieu. Le ministre l’est un peu moins, partout. un jour à peine en Avignon. Et où ailleurs ? Il me semble qu’un ministre de la Culture devrait passer l’été à silloner les routes de France, à se pénétrer de cette richesse et de cette diversité qui lui permettrait de regonfler à bloc les batteries pour aborder les discussions budgétaires de l’automne en pleine forme culturelle, la tête pleine de cette expression bien plus populaire qu’on ne le dit …

Mais bon. Là encore, les élus locaux assurent. On les accusait d’être des petits barons, de vouloir mettre en place une culture officielle, faite de folklore et de vieilles pierres. Ils ont démenti, et brillamment. Au point que, là où on veut – funeste erreur – clarifier les compétences, on dit que dans le domaine de la culture les choses sont tellement « imbriquées » qu’on fera une exception ! Quelle reconnaissance indirecte de l’investissement des territoires dans le développement personnel de chacun d’entre nous ! Cet aspect des choses a rassuré en Avignon. Mais il n’est pas sûr qu’il ne doive pas nous inquièter à Paris, quand se discuteront – demain – les relations financières entre l’Etat et les pouvoirs locaux.

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