Non à la gratuité des cantines scolaires
Selon Philippe Laurent, maire (UDF) de Sceaux et président de la commission des Finances de l’Association des maires de France (AMF), l’initiative des villes de Drancy et du Bourget d’instituer de manière généralisée la gratuité de la cantine scolaire « pose plus de problèmes de fond qu’elle ne résout de situations particulières ».
Reconnaissant parfaitement le droit à chaque commune de décider des tarifs qu’elle souhaite appliquer pour ses prestations municipales, Philippe Laurent fait néanmoins observer qu’il y a une certaine contradiction entre le discours de responsabilité porté par l’UDF dans le pays et l’initiative prise ainsi par deux maires se réclamant du même courant politique. « La gratuité des services publics n’a jamais été une solution. Ce qui est gratuit n’est pas respecté. La commune peut fixer une gamme de tarifs très large, tenant compte des revenus et des charges des familles. A Sceaux, le tarif varie de 0,80 € à 5,08 €. Il ne faut pas oublier que ce tarif couvre non seulement une prestation de restauration, mais également de garde et d’animation pendant le temps scolaire. Ainsi, le prix de revient d’un interclasse de midi par élève est de 8,96 €. » Le président de la commission des Finances de l’AMF fait également remarquer qu’ « on ne peut pas sans cesse se plaindre d’un manque de moyens des communes et renoncer à faire payer un service, notamment par celles des familles qui en ont la possibilité et qui perçoivent par ailleurs des prestations familiales ». Cette situation crée en outre une inéquité de fait entre ceux qui prennent leur repas chez eux et ceux qui les prennent à la cantine.
Ce sont toutefois deux aspects des informations diffusées à l’occasion de cette affaire qui posent un grave problème et qui ont amené le président de la commission des Finances de l’AMF à réagir :
d’une part, l’annonce par les deux communes d’une participation de l’Etat à hauteur de 500 000 € (voir les reportages dans les journaux télévisés). Philippe Laurent s’interroge sur « le traitement particulier réservé à ces deux communes, sans que l’ensemble des autres communes – et notamment celles percevant la dotation de solidarité urbaine – ne bénéficient de la même générosité de la part de l’Etat ». Le principe républicain d’égalité semble donc une nouvelle fois rompu avec cette affaire ;
d’autre part, l’annonce par le député-maire de Drancy du dépôt d’une proposition de loi visant à généraliser son initiative à l’ensemble des communes, ce qui irait à l’encontre de l’autonomie communale et créerait un immense problème d’équité entre les enfants et les familles de l’ensemble du pays. « Ce serait en outre un message démagogique et d’encouragement à l’irresponsabilité, qui mettrait en difficulté de nombreux maires de France qui tiennent un discours contraire de responsabilité », estime Philippe Laurent.