Mon avis sur la campagne électorale

L’INVITÉ DU MOIS : Philippe LAURENT
Vi ce-Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, Maire de Sceaux

Newsletter UDF 92: Plus François BAYROU recontre de sympathie dans l’opinion, plus les critiques se font vives de la part de ses adversaires. L’une d’elles porte sur « avec quelle majorité gouvernera-t-il ? ». Que répondez-vous ?
Philippe LAURENT : Il n’y a pas d’exemple de président venant d’être élu qui n’ait eu à sa disposition une majorité présidentielle à l’Assemblée.

En outre, la dynamique de l’élection de François Bayrou sera beaucoup plus forte que celle résultant de l’élection de l’un de ses adversaires : les candidats se réclamant de lui auront de fortes chances d’être élus. Et si le Parti démocrate, appelé à succéder à l’UDF, ne dispose pas de la majorité à lui seul, seule une alliance de circonstance UMP-PS – à supposer que ces partis n’aient pas éclaté ! – pourrait bloquer le système. Imagine-t-on les Français laisser faire un tel cas de figure ? Bien au contraire, c’est sur la base d’une négociation programmatique – comme dans beaucoup de pays démocratiques – que pourra se nouer l’alliance, si nécessaire, permettant de donner au président une majorité parlementaire. Et la question est réversible : avec quelle majorité gouvernera un autre président ou une autre présidente ? Celle de son premier tour, à moins de 30% ?

NL92: Le « droite – gauche » – « gauche – droite »‘ n’est donc pas une fatalité ?
P.L.: Bien sûr que non. Nous, élus locaux, le savons bien d’ailleurs. Une grande majorité des délibérations, dans nos conseils municipaux comme dans nos conseils généraux, y compris celui des Hauts-de-Seine, est adoptée à l’unanimité. Je participe pour ma part à de nombreuses instances nationales d’élus, où les décisions se prennent après la formation d’un consensus. C’est parfois exigeant, mais c’est extrêmement formateur. Et s’il y subsiste des sujets où les désaccords persistent, tant mieux. « Si on pense tous la même chose, on ne pense plus ! » (François Bayrou, il y a cinq ans). Mais ce n’est pas une raison pour refuser la discussion et traiter les autres comme des pestiférés.

NL92: Du côté de l’UMP on dit que « si François BAYROU est élu, c’est le retour à la IVème République ». Quelle est la différence proposée par le projet de VIème République ?
P.L.: D’abord, la IVème République ne mérite pas la diabolisation qu’on en fait. C’était un régime démocratique, certes instable, mais qui a fait émerger de grands hommes d’Etat et qui a su conduire la reconstruction du pays, les débuts de la construction européenne et une partie de la décolonisation. Ce n’est pas si mal, et les débats qui s’y sont déroulés étaient d’excellente qualité. En tout cas, on y entendait des voix qui exprimaient avec force des valeurs et des convictions. Rien à voir avec les « godillots », de gauche et de droite, qui ont suivi ! Ensuite, la différence d’une future VIème République provient à l’évidence de la légitimité forte du président de la République élu, qui est à même d’entraîner une majorité parlementaire. Enfin, la France et les Français ont mûri sur le plan politique – ils vont le montrer le 22 avril ! – et leurs préoccupations actuelles sont différentes de celle des années 50.

NL92: Du côté du PS on dit « François BAYROU est de droite ». Le centre n’existerait donc pas ?
P.L.: Il est compréhensible que, tactiquement, le PS tienne ce discours. Il ne disait pas tout à fait la même chose lorsqu’en 1988 Michel Rocard a eu besoin de la neutralité bienveillante du groupe centriste à l’Assemblée pour éviter une trop forte dépendance à l’égard du PCF … Quoiqu’il en soit, ces notions de gauche et de droite ne servent pas l’intérêt général, mais font seulement les affaires de ceux qui ne peuvent concevoir une action politique que « contre » et pas « avec ».

NL92: Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, que proposera l’UDF pour les législatives ?
P.L.: L’UDF se structurera en force politique ouverte – ce qu’elle a commencé à faire de façon efficace pour cette campagne présidentielle – et apportera son soutien aux candidats qui défendront son projet politique législatif, que nous avons adopté fin 2006 et dont il n’étonnera personne qu’il n’est pas très éloigné des propositions du candidat Bayrou. Même sans la proportionnelle, il est possible, sinon probable, qu’aucun parti n’ait à lui seul la majorité. Il faudra alors bien négocier un accord de gouvernement sur une base programmatique, et non sur des ralliements individuels.

NL92: … et dans les Hauts-de-Seine ?
P.L.: Il n’aura échappé à personne – y compris au conseil général ! – que la fédération UDF des Hauts-de-Seine est bien vivante. Je dirais même qu’elle n’a jamais été aussi vivante sur le terrain, avec des initiatives originales sur tout le territoire (comme les micro-rencontres de Pierre Creuzet à Nanterre) et une volonté partout renouvelé de se battre avec détermination, et aussi avec sérénité. Tout se passe comme si le départ de quelques dirigeants avait libéré les énergies et « décomplexé » l’UDF des Hauts-de-Seine. Après l’élection présidentielle, l’UDF continuera son chemin, ouverte à tous ceux qui voudront la rejoindre à condition de partager son message. Elle soutiendra les candidats qui partageront son projet législatif. Quant à la structuration à venir de la fédération, elle s’accomplira selon les règles statutaires. Tout devient simple lorsqu’on respecte les règles, qu’on croit à ce que l’on fait et que l’on regarde devant soi. Certains l’avaient oublié, la fédération leur a rappelé majoritairement. Mais, sans aucun doute, rien ne sera plus comme avant.

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