Le comité Balladur et le Grand Paris : erreur de diagnostic, propositions amendables

Le membre fondateur du secrétariat permanent de la conférence métropolitaine que je suis a pris connaissance avec intérêt des propositions du comité Balladur concernant la zone dense de l’agglomération parisienne. A mon sens, ce comité commet une erreur de diagnostic qui le conduit à des propositions irréalistes.

L’erreur consiste à continuer de prétendre analyser la situation de l’agglomération parisienne comme étant, par nature, essentiellement différente de celle des autres grandes métropoles françaises, et appelant de ce fait des réponses fondamentalement différentes.

Or, l’agglomération parisienne souffre, comme c’était le cas des autres métropoles françaises il y a quarante ans, d’une gouvernance centrale insuffisante, de l’absence – qui en est la conséquence directe – d’une mutualisation des moyens financiers et fiscaux qui permettrait une allocation plus optimale des ressources à des grandes politiques d’aménagement (comme les transports en commun, par exemple) et d’une insuffisante prise en compte du rôle essentiel des maires de la zone dense dont la mobilisation et la participation sont indispensables à tout schéma prétendant conduire à un renouveau de la zone dense en terme d’attractivité économique, de développement social, de logement, de qualité de vie quotidienne, etc … .

Reste que la proposition de la dissolution des départements de petite couronne n’est pas inintéressante. L’existence même de ces trois départements a en effet abouti à un cloisonnement artificiel de la zone dense qui pouvait un temps se comprendre, mais qui est aujourd’hui incontestablement facteur de blocage.

Par ailleurs, je ne suis pas convaincu du réalisme des propositions qui concernent notamment :

  • la pertinence du territoire proposé : il ne s’agit pas d’un véritable territoire de projet de développement car trop restreint et n’englobant pas des infrastructures essentielles de développement et d’attractivité, comme l’aéroport Charles-de-Gaulle par exemple ;
  • les compétences confiées à la nouvelle entité imaginée : elles englobent des compétences de terrain, qui doivent être exercées de façon très locale pour être efficace, comme l’action sociale ou la politique de la ville, alors même qu’elles ne comprennent pas certaines des compétences structurantes de toute agglomération, comme les transports urbains ou la politique du logement (et notamment du logement social) ;
  • le mode de gouvernance de cette entité : il en exclut les maires des communes de la zone dense et leur substitue une assemblée qui sera avant tout partisane et déconnectée du terrain et des citoyens, alors même que la réussite des métropoles est à l’évidence liée à leur capacité à fédérer les maires de leur territoire autour d’un projet commun de développement.

Si les propositions formulées reposent sur un diagnostic insuffisant de la situation, elles peuvent toutefois permettre, après reformulation profonde, de créer les conditions de la mise en place d’une forme particulière de communauté urbaine, procédant par essence des communes et de l’engagement des maires, mutualisant d’importantes ressources fiscales et disposant ainsi d’un effet de levier considérable pour conduire de vraies politiques structurantes, à l’image de ce qui est fait avec bonheur depuis quarante ans dans la plupart des grandes villes de France.

J’en appelle au syndicat mixte Paris Métropole, qui compte aujourd’hui 76 collectivités adhérentes et dont les maires sont à l’origine, à se constituer désormais au plus vite et à s’emparer de ces propositions pour les amender et les adapter aux véritables enjeux de la zone dense. Une fois le projet abouti, il devra sans nul doute faire l’objet d’un référendum populaire qui lui donnera toute sa force, y compris vis-à-vis des penchants naturels de l’Etat toujours prêt, dans la métropole capitale, à intervenir de façon intempestive et désordonnée.

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