Mode de scrutin territorial : le retour du régime des partis !

Le général De Gaulle doit se retourner dans sa tombe. On songe en effet sérieusement, en haut lieu, à instaurer au moins en partie un scrutin de liste de type proportionnel pour désigner les nouveaux « conseillers territoriaux » en milieu urbain, alors que les conseillers territoriaux en milieu rural resteront élus sur un territoire, au scrutin uninominal .. à un tour !

Résumons : en milieu urbain (difficile parfois à distinguer du milieu rural, mais bon …), les conseillers territoriaux qui géreront les départements et les régions (ce n’est pas rien, tout de même) seront désignés par les partis politiques, au terme des habituelles tractations. Les indépendants d’esprit, ceux qui sont avant tout attachés à la propsérité de leur territoire, fût-il « urbain », iront se rhabiller. Les partis (re)prennent le pouvoir. On voit d’aillerus où cela a mené les conseils régionaux : au quasi-néant ! Avec des assemblées qui se prennent pour de petits parlements, les régions n’ont jamais été capables de véritablement prendre le pouvoir, car elles ne se sont pas assez intéressées au développement territorial. Un peu de pub gratuite : c’est l’une des analyses de mon livre à paraître début septembre …

Quoiqu’on en dise, l’ambiance dans les conseils généraux est aujourd’hui différente. Chaque conseiller général est élu sur son canton et sur son nom. C’st une assemblée de gagnants. Le président du CG n’est pas l’homme d’une faction : c’est l’un parmi les autres élus, qui a été désigné pour cette fonction, mais qui n’a pas davantage de légitimité que les autres (il y a d’ailleurs ici ou là des président de conseil général qui oublient quelque peu cet aspect des choses …). Le conseil général fait donc un travail équilibré, dans une ambiance souvent consensuelle, même si elle se tend un peu à l’approche des élections … Tout ceci va donc être détruit, pour être remplacé par des assemblées où le pouvoir local sera à la remorque des partis de gouvernement. C’est la fin des libertés locales.

Tout ça pour quoi ? Revanche de la droite la plus jacobine du monde sur une gauche qui a commis l’erreur de gagner presque toutes les régions en 2004, et la majorité des départements en 2004 et 2008. Mépris par le pouvoir central des élus locaux actuels, parfois frondeurs (il en restera quelques-uns, malgré tout, mais pour combine de temps ?). Revanche aussi de la haute administration d’Etat, qui n’a jamais accepté le pouvoir donné aux élus locaux.

Prétexte ? Trop d’élus, coûtent trop cher. Et en milieu urbain, personne ne connaît le conseiller général. Bien sûr, c’est faux. C’est grossièrement faux. Mais cela passe. Comme si tout le monde connaissait les conseillers régionaux, la plupart du temps des recalés du suffrage nominal direct. Et comme si personne ne connaissait son député, élu sur un morceau de territoire au scrutin uninominal direct … exactement comme le conseiller général actuel. Bizarre, que personne ne fasse le rapprochement !

Mais ça marche. Les grands médias, comme on dit, n’y connaissent strictement rien (à part quelques journalistes eux-mêmes affolés de l’ignorance de leur rédaction en chef …) et répètent ce qu’on leur dit de répéter. Mais les Français sont peut-être moins idiots que ces grands médias et ceux qui les inspirent ne le pensent … et s’ils demandaient, pour refuser le retour du régime des partis, que le conseiller général ou territorial soit toujours élu sur un petit bout de territoire ? Au moins, celui-là, on le connaîtrait. Comme le député …

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