Les agents territoriaux ne doivent pas être méprisés

En tant qu’employeur public et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, je suis consterné par le mépris affiché dans le rapport de la Cour des Comptes à l’égard des agents territoriaux.

Rappelons que, dans les communes, particulièrement visées par la Cour des Comptes, 70% des fonctionnaires sont des agents de catégorie C, dont la rémunération n’excède pas 1,2 fois le SMIC. Comment peut-on laisser entendre que ces agents soient favorisés et bénéficient de promotions trop rapide ? Dans un grand nombre de cas, ces agents sont à l’indice terminal de leur grade, ne peuvent espérer aucune promotion ni aucun avancement. Compte tenu du blocage de la valeur du point d’indice, il a même fallu mettre en place une garantie spécifique pour que leur rémunération, parfois après 20 années de carrière, ne soit pas inférieure au SMIC !

Quant au temps de travail et à l’absentéisme, il y a sans doute, ici ou là, des abus, comme il en existe dans l’administration centrale et dans les entreprises. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour jeter l’anathème sur toute une profession, qui participe avec professionnalisme et engagement à la vie quotidienne des Français dans les écoles, les crèches, les centres de loisirs, auprès des aînés, dans les rues de nos villes et de nos villages. Et rappelons que la plupart des règles de gestion sont fixées par l’Etat lui-même : ainsi de la suppression du jour de carence en cas d’arrêt maladie, ou encore des contrôles totalement inopérants des organismes de sécurité sociale en cas d’arrêt de travail.

D’immenses progrès ont été effectués depuis trente ans dans la gestion des ressources humaines au sein des collectivités territoriales, que les chiffres bruts livrés par la Cour ne sauraient décrire : professionalisation, formation, gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences, qualité du dialogue social. La gestion RH des collectivités est aujourd’hui comparable à ce qui se fait dans les entreprises. L’Etat peut-il réellement en dire autant ? J’invite respectueusement la Cour des Comptes à modérer ses critiques et à prendre en compte davantage l’humain, si toutefois elle souhaite éviter de tomber dans la caricature et que ses recommandations soient accueillies avec quelque intérêt et soient donc vraiment utiles au pays.

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