Débat : Faut-il reporter les élections régionales 2021 ?

Tribune publiée dans le Drenche, le 14 avril 2021 https://ledrenche.ouest-france.fr/reporter-elections-regionales-2021/

Comme l’a exprimé clairement l’Association des maires de France, je suis favorable au maintien des élections régionales et départementales en juin prochain. Le gouvernement vient d’ailleurs de les confirmer, après avoir constaté qu’une large majorité de maires le souhaitaient également. 

Le fond de l’affaire, qui nous a mobilisés pendant trois jours, c’est que le gouvernement a très mal posé le sujet. Ainsi, il a suggéré de manière explicite que les maires pourraient être tenus pour responsables des éventuelles difficultés sanitaires qui viendraient à survenir à l’occasion de ces scrutins. La question posée aux maires était donc très anxiogène. La question aurait mieux été comprise et plus légitime si elle avait été : « Quelles sont vos attentes et propositions en terme d’organisation pour que les scrutins prévus en juin se déroulent dans les meilleures conditions ? ». Malgré cela, les maires ont démontré de nouveau leur attachement à la démocratie. 

Le Conseil scientifique, les groupes parlementaires, les partis politiques, les associations d’élus, dans la très grande majorité, ne se sont pas opposés au maintien du calendrier électoral, et la plupart des pays démocratiques ont procédé ou vont procéder à leurs scrutins. Alors pourquoi notre gouvernement a-t-il ainsi tardé à prendre ses responsabilités ? Certes les conditions sont inédites, mais les maires sont légitimistes, ils savent organiser les élections et ils appliqueront strictement les consignes du gouvernement.

Une décision de nouveau report aurait créé un grave précédent et serait porteuse de dérives dangereuses. Le calendrier électoral ne peut servir de variable d’ajustement ni à la crise sanitaire, ni à tel ou tel mouvement politique. 

Qui peut être certain, d’ailleurs, que la crise sanitaire sera terminée à l’automne ou au printemps prochain ? L’apparition de nouveaux variants, qui rendraient les vaccins actuels inopérants, est toujours possible. Dans ces conditions, l’année prochaine, pourquoi pas imaginer repousser l’élection présidentielle, et jusqu’à quand ? Nous touchons là aux fondements de notre République, aux principes de notre démocratie. 

Il y a naturellement urgence à lutter contre la pandémie et les élus locaux prennent leur part dans ce combat. Mais il ne faut pas opposer sécurité sanitaire et démocratie.

Philippe Laurent