Machines à voter
Machines à voter : La position de Philippe Laurent, maire UDF de Sceaux
Quelles sont les principales raisons qui vous ont poussé à vous décider à ne pas adopter les machines à voter électroniques ?
La ville a voté début 2006 le budget nécessaire à l’acquisition des 16 machines nécessaires pour la totalité de ses bureaux de vote, en prévoyant une longue période d’information des électeurs en préalable aux scrutins de 2007.
C’est après avoir participé à plusieurs réunions d’information et de travail sur le sujet que nous avons décidé à l’automne dernier de ne pas donner suite. La frilosité des services de l’Etat nous a alerté sur le caractère non définitif des textes règlementaires, qui pourraient conduire à l’obsolescence des machines actuellement en vente. D’ailleurs, les aides de l’Etat à l’acquisition de ces machines ont fortement diminué, pour ne représenter aujourd’hui qu’à peine 10% de leur coût. Notre méfiance a été renforcée par les arguments développés par plusieurs associations citoyennes, que nous avons étudiés à partir des textes publiés sur leurs sites et qui dénoncent les possibilités de manipulation des machines en question et donc de fraude.
S¹agit-il d¹un problème de budget, de fiabilité des engins ou du rejet que pourraient inspirer les nouvelles technologies à une partie de l¹électorat ?
Il s’agit très clairement, en ce qui concerne Sceaux, d’un problème de fiabilité. Avec le vote manuel comme aujourd’hui, l’électeur voit son enveloppe, dans laquelle il a physiquement glissé le bulletin de son choix, descendre dans l’urne transparente et les membres du bureau de vote, qui doit être pluraliste, ont toute la journée sous les yeux les enveloppes dans l’urne. La fraude est donc très difficile compte tenu de cette présence physique des enveloppes. La machine, c’est une boîte fermée et opaque, l’électeur appuis sur un bouton, mais qu’est-ce qui lui garantit que son vote a bien été pris en compte, et dans le sens qu’il souhaitait ? Il suffit que le soupçon de manipulation technique, incontrôlable par les membres du bureau de vote, puisse être formulé pour qu’un doute insupportable s’installe. Nous n’avons pas voulu, à Sceaux, contribuer sous quelque forme que ce soit, à une possible « décrédibilisation » de l’acte de voter. A ceux qui qualifient notre position de « passéiste », je réponds que la démocratie sera toujours plus moderne que n’importe quelle machine !