Tribune – « Refonder la démocratie en réhabilitant le fait communal »

Philippe Laurent, le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et actuel secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF), brigue la présidence de l’organisation d’élus locaux. En concurrence avec David Lisnard, le maire LR de Cannes (Alpes-Maritimes) soutenu par le président sortant de l’AMF François Baroin, l’élu francilien propose de faire de l’AMF un “outil” de “rassemblement” et “non de confrontation”. “Il est urgent de remettre le maire au centre du ‘village France’”, assurent ses soutiens qui signent une tribune publiée par le JDD. Voici leur texte :

Refonder la démocratie en réhabilitant le “fait communal”

Vérité parfois oubliée, le maire est un héritage de la Révolution française. C’est en effet l’Assemblée constituante qui, en 1789, crée les municipalités et désigne les communes nouvellement instaurées comme la première division administrative du pays. Prenons-en toute la mesure : depuis que la République existe, la commune représente donc la cellule démocratique première, au plus près de la vie des citoyens.

A cet égard, le maire constitue, plus que tout autre échelon de responsabilité, un pilier de notre édifice républicain et de sa résilience. A ceux qui ne le mesuraient qu’imparfaitement, la gestion de la crise sanitaire aura permis de le rappeler de la plus éclairante manière. Qui peut contester que, sans l’agilité et l’intelligence du terrain, incarnées au premier chef par les maires, sans le concours décisif de ces derniers, l’Etat, ultra-centralisé et quasi fossilisé, n’aurait pas su faire face à la pandémie de la même façon?

Mieux, alors que nous nous enfonçons dans une crise démocratique chaque jour plus dangereuse, les maires sont aujourd’hui les seuls à bénéficier de ce qui fait cruellement défaut aux responsables politiques nationaux : un haut niveau de confiance et une longévité certaine.  Même aux yeux de ceux de nos concitoyens qui doutent de l’action publique et de leurs gouvernants, les maires apparaissent comme proches de leurs préoccupations et menant une politique pour leur commune qui recueille un jugement très positif. Sans doute est-ce justice : l’engagement municipal est en quelque sorte l’engagement humain par excellence, un humanisme du quotidien au service des territoires et de leurs habitants.

Paradoxe déconcertant alors que les maires ont été les grands perdants du bonneteau institutionnel orchestré depuis 40 ans, relégués par l’Etat central au rang de simples sous-traitants de l’action publique, tout en étant soumis à une bureaucratie paralysante, à une mise sous tutelle fiscale infantilisante et à des logiques comptables étouffantes. En découle un “blues” des maires qui ne surprendra personne, confrontés qu’ils sont à des exigences croissantes – et légitimes – de la part de leurs administrés, à une pression accrue de la part de l’Etat en même temps qu’à une baisse de leurs dotations.

Alors mission impossible? Au contraire, notre conviction est aussi puissante que l’est notre détermination : notre démocratie, qui s’asphyxie par son sommet, sera revivifiée par sa base. C’est pourquoi il est urgent de remettre le maire au centre du “village France”, d’en faire le rouage premier d’un renouveau républicain, de le doter de nouveaux pouvoirs pour relégitimer l’action publique, de faire des libertés locales la garantie de notre cohésion nationale, de réaffirmer le fait communal comme ressort démocratique. Nous le disons avec un enthousiasme mêlé de gravité : décentraliser la République, c’est resynchroniser la démocratie. 

L’équipe renouvelée, diverse et pluraliste qui s’est fédérée autour de ce projet veut justement faire de l’Association des maires de France (AMF) et des présidents d’intercommunalité, l’outil majeur de cette ambition, dans une logique non pas de confrontation mais de rassemblement. Parce que ce qui rapproche les maires entre eux est bien plus puissant que ce qui les oppose, parce que la fraternité qui fait partie du triptyque républicain crée entre eux un ciment unique, la “communauté des maires” que constitue l’AMF doit bénéficier d’un nouveau souffle lui permettant d’inventer un nouveau dialogue avec l’Etat central et une nouvelle harmonie territoriale.

Pour y parvenir, elle devra – en particulier grâce au dense et actif réseau de ses associations départementales – gagner en visibilité, en écoute, en combativité, en capacité de négociation, en créativité et en propositions pour participer plus efficacement aux grandes orientations, pour mieux travailler avec le Parlement, pour renforcer ses relations avec les partenaires économiques et sociaux, avec le monde associatif, avec la société civile dans son ensemble. L’AMF, notre maison commune, a en outre vocation à fédérer toutes les associations du “bloc communal”, pour mieux porter la voix de tous, représentants des villages, de la ruralité, des grandes, des moyennes et des petites villes, des outre-mer, du littoral et de la montagne, légitimes dans leur raison d’être, dans leur expertise et leurs revendications, en relayant les difficultés rencontrées sur le terrain ainsi que les solutions qui chaque jour s’y inventent, notamment dabs les domaines des politiques sociales, éducatives et environnementales.

Les appareils, à bout de souffle, et les logiques partisanes, largement déconsidérées, ont montré leurs limites. Rien ne vaut l’indépendance et le volontarisme des acteurs eux-mêmes, confrontés à la réalité, parfois la plus dure, en même temps que porteurs de l’ambition de la changer, au service des autres, avec les autres, conjuguant le sens de l’intérêt général et le goût de la rencontre avec les gens. Voilà sans doute la meilleure façon de résumer notre ambition, mettant le plus beau “métier” du monde, celui de maire, au service de la plus belle vision : celle d’une nation réconciliée avec elle-même.

Pour toutes ces raisons, dans le cadre du renouvellement des instances de l’AMF, nous, maires et/ou présidents d’intercommunalité, de sensibilités politiques différentes : de droite, de gauche, du centre…nous soutenons Philippe Laurent pour la présidence de l’Association. La seule candidature indépendante et unitaire, qui œuvre réellement au respect des pluralismes et à la recherche permanente du rassemblement pour bâtir “une AMF qui nous ressemble”.

Retrouvez la tribune à cette adresse : https://www.lejdd.fr/Politique/les-soutiens-de-philippe-laurent-candidat-a-lamf-refonder-la-democratie-en-rehabilitant-le-fait-communal-4069409