Sceaux et son cadre de vie

Interview publiée dans Paysages actualités, en 2003

  1. Sceaux mène depuis plusieurs années une politique résolument axée sur la qualification de son cadre de vie. Quels sont les grands axes de cette politique?

Cette politique a aussi été celle de mes prédécesseurs depuis pratiquement la dernière guerre, mais il est vrai que nous l’avons accentué ces dernières années.

Il s’agit d’abord de répondre délibérément à la demande de ceux qui vivent à Sceaux depuis longtemps ou qui s’y installent. C’est notamment la qualité du cadre de vie qu’ils recherchent, en même temps que la sécurité, le haut niveau des écoles, les équipements de loisirs, un centre ville vivant et actif, etc … L’amélioration du cadre de vie est faite pour tous et profite à tous, de tous âges et de tous niveaux. Nous veillons d’ailleurs à travailler sur l’ensemble des quartiers, en respectant les caractéristiques de chacun d’entre eux.

Cette politique s’articule autour de trois axes :

  • le partage équitable de l’espace public entre tous les usagers : les piétons, les cyclistes, les personnes à mobilité réduite, les automobiles … à ce propos, nous ne sommes pas contre la voiture en ville, mais plutôt partisans d’une cohabitation la plus harmonieuse possible. Cela passe néanmoins par des aménagements lourds (zones 30, cours urbaines, …qui couvrent aujourd’hui près de la moitié de la voirie communale et qui sont systématiquement réalisés après concertation et expérimentation), où l’automobile n’est plus reine, mais doit obligatoirement composer avec les autres. Cela commence à donner de bons résultats, reconnu par le prix obtenu voici deux ans au Grand Prix de l’Environnement d’Ile-de-France, et le conseil municipal a confirmé voici peu ce choix en approuvant le plan de « pacification » et de « sécurisation » des déplacements urbains ;
  • un grand soin accordé à l’aménagement des espaces publics, quels qu’ils soient : choix de matériaux nobles, réalisation suivie, homogénéité dans toute la ville du mobilier urbain en terme de formes et de couleur (à Sceaux, le gris et le bordeaux)… ainsi, nous avons changé d’un seul coup, voici un an, toute la signalétique de la ville : le paysage en a été transformé !
  • une gestion attentive des espaces verts et de fleurissement, qui viennent s’insérer dans cette politique globale de qualité de l’espace public et non s’y plaquer.
  1. Quels sont, aujourd’hui, dans ce domaine, les principaux projets qui devraient « sortir des cartons » dans les proches années?

D’abord un effort à poursuivre en matière d’unification du mobilier urbain, qui va depuis les entrées de ville jusqu’à la reprise de tous les poteaux de signalisation, en passant par le signalement des bâtiments publics, actuellement en cours. Et puis la mise progressive en « zones 30 aménagées » de la totalité de la ville, hormis les quelques axes structurants.

La fin de l’aménagement de la coulée verte sur le territoire de Sceaux donnera un « plus » à notre ville, tout comme la réalisation du jardin de l’hôtel de ville, prévue dans l’opération d’extension-réhabilitation que nous allons lancer dès 2004.

Mais le principal chantier reste la requalification de l’îlot piéton « Charaire », attenant à notre rue piétonne, première d’Ile-de-France en 1976 et qui a été rénovée voici près de dix ans. Cette requalification s’inscrit dans un projet plus vaste encore de poursuite de la piétonisation du centre ville, qui ne doit cependant surtout pas s’opérer au détriment de l’activité commerçante de la ville, qui est l’un des points d’attractivité de Sceaux. Or, nous avons un réel problème de stationnement, car le commerce de Sceaux ne peut économiquement fonctionner que s’il draine une zone de chalandise bien plus étendue que la ville elle-même. D’où des études approfondies, menées avec le conseil général qui s’intéresse de plus en plus au phénomène de centralité urbaine, pour la réalisation forcément onéreuse de parcs de stationnement souterrains, qui elle-même permettra de nouveaux aménagements de surface.

  1. Les habitants bénéficiant déjà d’un espace vert aussi important et qualitatif que celui du Domaine de Sceaux, n’est-ce pas là un frein à la réalisation d’autres projets paysagers ?

Le Domaine de Sceaux est un magnifique espace, particulièrement bien géré et entretenu par le conseil général, et les Scéens en sont très fiers et heureux, bien sûr. Cependant, il ne répond pas à tous les besoins et à tous les souhaits des habitants. Il faut aussi des espaces d’activité et de rencontre, en plein cœur de ville : c’est notamment le rôle joué par le jardin de la Ménagerie, site classé pour lequel, à l’initiative de la ville, une charte d’aménagement est en cours d’élaboration avec tous les partenaires.

Notre conception urbaine du paysage est très différente de ce qui existe dans le Domaine, qui émerveille, mais que l’on s’approprie difficilement, dans lequel on se promène isolé, en silence. Nous souhaitons que nos espaces urbains soient des lieux confortables, où l’on se rencontre, où l’on vive ensemble, avec des terrasses de café, des marchands et un peu de bruit !

  1. Quels sont les principaux enjeux environnementaux pour votre ville dans les années à venir ?

Il s’agit d’abord de préserver ce cadre de vie, sans pour autant figer complètement la ville, comme d’aucuns le voudraient. Or, je suis convaincu que la « cristallisation » amènerait, au bout d’un certain temps, à l’implosion. Il faut donc adapter ne douceur la ville à l’évolution des goûts, des contraintes aussi.

Plus largement, Sceaux milite depuis longtemps, à son modeste niveau, pour le développement durable, avec l’une des collectes sélectives des déchets les plus performantes du département, avec la réduction de la vitesse automobile, avec de nombreux aménagements – encore souvent incompris – d’itinéraires cyclables, avec l’enlèvement des tags y compris sur les murs privés, avec le choix délibéré de normes HQE pour les constructions neuves et les réhabilitations importantes.

  1. Quels sont vos principaux soucis quotidiens en matière de gestion de votre cadre de vie ?

Ce n’est pas très original : les tags, le vandalisme (toutefois limité), le vol des plantes lors des opérations de renouvellement de massifs, et … les crottes de chiens. Sur ce dernier volet, nous avons mis en place toute la panoplie : amendes, distributeurs de sacs, communication … l’amélioration est réelle, mais insuffisante. C’est décidément le véritable casse-tête au quotidien !

  1. Pour vous, quelle est la ville idéale ?

La ville est faite pour ses habitants. La ville idéale, c’est celle dans laquelle les gens veulent habiter. Mais ceux qui y sont parvenus font tout ensuite pour que cette ville se fige, comme ils l’ont connue au début. C’est le rôle et la mission de l’équipe municipale de maintenir l’attractivité de la ville, ce qui signifie la faire évoluer, la garder ouverte et diverse, afin que chacun puisse y épanouir ses talents.

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