Plus que jamais, nous avons besoin de l’alliance de tous les maires !

Les enseignements politiques des élections municipales ont été abondamment commentés dans les heures qui ont suivi le second tour de ces élections. Les conséquences en ont même été tirées sur le plan national, avec le changement de gouvernement décidé par le chef de l’Etat.

Il y a pourtant un certain paradoxe dans ces élections. D’abord, les études d’avant scrutin indiquaient bien que les enjeux locaux primeraient sur la situation politique nationale dans le choix des électeurs. Ensuite, la plupart des candidats, y compris ceux – et ce n’était pas une majorité – qui arboraient les signes des partis politiques les soutenant dans leur campagne, privilégiaient effectivement les thèmes locaux dans leurs discours vis-à-vis des électeurs. Enfin, à l’analyse, on peinait parfois à distinguer franchement les propositions et programmes des candidats dans une même commune, n’étaient-ce leur personnalité, leur façon d’aborder le corps électoral, ou encore la qualité de leur campagne. Et cependant, les leaders politiques nationaux ont en quelque sorte « préempté » dès dimanche 30 mars au soir l’interprétation des résultats pour en faire une lecture nationale !

Pour autant, il ne faut pas oublier que ces élections, au-delà de leur évident message national, ont eu aussi pour fonction de désigner les équipes qui vont gérer, maires en tête, nos communes pendant les six prochaines années. Six ans, dans le contexte économique et financier que nous connaissons, et pour lequel nous avons une appréhension à long terme très réduite, c’est excessivement long. Les évolutions institutionnelles territoriales imposées par la loi – la « métropolisation » comme la question des territoires ruraux -, la réduction sans aucun doute sévère des marges de manoeuvre budgétaires, la remise en cause des modes actuels de fonctionnement des services publics, le contenu même de l’action publique locale, vont entraîner des bouleversements considérables. Nous ne sommes plus dans un contexte d’une gestion publique locale stabilisée, dans lequel les élus donnaient quelques inflexions et géraient le « patrimoine » de service public légué par leurs prédécesseurs, le plus souvent en continuant de le développer. Cette fois-ci, dans les toutes prochaines années, il y aura des décisions difficiles, parce que douloureuses, à prendre, alors qu’une bonne partie des équipes municipales, fortement renouvelée, est inexpérimentée, ou peu expérimentée. Et il y aura des combats majeurs à mener, au nom des services publics locaux, et donc de la vie quotidienne des habitants.

Deux dangers majeurs guettent ainsi le monde local issu des élections municipales. Une « technocratisation » excessive – notamment à l’échelle intercommunale -, d’une part, un délitement progressif des territoires par assèchement de l’action publique, d’autre part, l’un nourrissant l’autre. Il faudra aux nouveaux élus, et aussi aux élus plus expérimentés, faire preuve de courage dans les décisions locales, mais aussi de solidarité dans l’action pédagogique et revendicative collective, et cela bien au-delà des clivages partisans réapparus à l’occasion de ces élections. Par exemple, et sauf exceptions, ce n’est pas l’appartenance du maire à tel ou tel parti politique qui conditionne le niveau de ressources de la commune qu’il gère, et donc sa capacité à agir, mais des mécanismes fixés pour la plupart au niveau national. Et c’est bien au plan national qu’il faut agir pour faire évoluer les choses de ce point de vue, en cohésion et cohérence avec l’ensemble des maires. C’est toute l’importance des associations d’élus et de collectivités locales – et singulièrement de l’Association des maires de France -, qui, ainsi, prend une nouvelle ampleur.

Tribune publiée dans le Huffington Post – 1er avril 2014

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