Philippe Laurent (UDI) : « Le nombre d’emplois dans la fonction publique territoriale décélère »

Image illustrative de l'article L'Opinion (quotidien, 2013)

Le 07 septembre 2016, par Raphaël Legendre

Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux, préside le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale

Les faits : En  mai 2016, Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux, a rendu public un rapport sur le temps de travail dans la fonction publique dans lequel il proposait entre autres d’harmoniser les 35 heures. Prudent, l’auteur ne proposait pas d’augmenter la durée légale  du temps de travail mais plutôt de supprimer les jours dits « de fractionnement » pour les fonctionnaires qui ne sont pas au rythme hebdomadaire des 35 heures.

Que pensez–‐vous des 300 000 à 600 000 suppressions de postes dans la fonction publique promises par les candidats de droite ?

Le modèle français repose sur des services collectifs assurés en grande partie par la fonction publique. La question n’est  pas de savoir combien de postes vont être supprimés, mais quel sera le niveau de services à la fin. Qui va remplacer ces fonctionnaires ? Voulons–‐nous un modèle libéral en rendant les services publics payant par  chaque ménage ? Ce n’est pas le modèle de société français.

Bruno Le Maire propose la suppression de la fonction publique territoriale. Pourquoi un agent d’entretien  communal devrait–‐il être employé à vie ?

Il faut laisser le choix aux collectivités. Certaines sous‐traitent l’entretien des écoles à des entreprises privées. D’autres préfèrent embaucher des agents inclus dans la vie  locale, attachés à l’cole et connus des familles. N’tons pas cette liberté aux communes. Je note par ailleurs que les agents contractuels sont en droit au bout d’n certain temps de demander une requalification de leur contrat en CDI (loi Sauvadet). Et les conventions collectives sont parfois aussi protectrices que le statut de la fonction  publique.

Il n’y a donc pas de marges de manœuvre pour réaliser des économies dans la fonction publique territoriale ?

Il y a toujours ici ou là des capacités d’économies par le biais d’une meilleure organisation du travail ou une plus grande mutualisation des postes entre communes ou entre communes et intercommunalités. Cet effort, les collectivités le font déjà. Le nombre d’emplois dans la fonction publique territoriale décélère alors même que la demande en services augmente (crèche, animation suite à la réforme des rythmes scolaires…). On peut aussi s’interroger sur les économies à réaliser du côté de l’État. Pourquoi ce dernier continue-t-il de surveiller des pans entiers de compétences confiées depuis de nombreuses années aux collectivités locales ? A-t‐on encore besoin des sous-préfectures alors que les papiers d’identités se font aujourd’hui dans les mairies ? Parallèlement, il existe aussi parfois un manque de présence de l’Etat, comme pour la sécurité.

Vous avez récemment dénoncé un « transfert insidieux » des questions de sécurité sur la police municipale…

La police municipale s’est développée en substitution du rétrécissement du champ d’action effectif de la police nationale. On peut le concevoir à la marge mais dans le contexte actuel, cela pose problème. La Lutte contre la délinquance reste une compétence d’État. Si l’on veut faire autrement – pourquoi pas ? – il faut un minimum de débat et un texte législatif qui répartisse les pouvoirs.

Vous avez rendu un rapport au printemps sur le temps de travail dans la fonction publique, où l’on constate que la « territoriale » travaille moins que les fonctionnaires d’État ou les fonctionnaires hospitaliers. Est-‐ce normal ?

Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide. est en moyenne de 1 584 heures, contre une durée légale de 1 607 heures. Ce résultat s’explique par les astreintes d’un grand nombre d’agents. Près de 40 % des agents publics sont amenés à travailler le week-end. Ces sujétions particulières ne se traduisent pas par une rémunération supplémentaire mais par un temps de travail légèrement inférieur, comme pour les policiers qui sont par exemple à 32 heures. Cela ne me choque pas quand je vois les conditions obtenues par les salariés des grands magasins parisiens pour travailler le dimanche (doublement du salaire, prise en charge des gardes d’enfants…).

Quelles suites vont être données à ce rapport ?

Une majorité de nos propositions concerne l’organisation du travail et l’amélioration du management dans la fonction publique. Ces propositions peuvent être mises en place sans texte réglementaire ou législatif. L’harmonisation des autorisations d’absence par contre devra faire l’objet d’un décret. La ministre de la Fonction publique a annoncé des groupes de travail. Maintenant que le rapport est publié, je tâcherai de le maintenir vivant.

Vous être membre du bureau de l’Association des maires de France (AMF), dont le président, François Baroin, a rejoint Nicolas Sarkozy. Les deux positions sont–‐elles conciliables ?

François Baroin a décidé de ne plus s’exprimer publiquement au nom de l’AMF jusqu’à la primaire de la droite, fin novembre. Les positions du candidat que soutient François Baroin sont inconciliables avec les positions de l’AMF. Mais je fais confiance à son sens aiguisé de la politique pour gérer cet antagonisme. Avec les associations départementales, l’AMF va par ailleurs élaborer une charte sur laquelle les élus vont demander aux candidats de s’engager. Certains points, comme l’arrêt de la baisse des dotations ou le remplacement d’un fonctionnaire sur deux sur la base unique du volontariat, seront peu compatibles avec les discours que nous entendons aujourd’hui

 

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