Objectif Grand Paris Magazine – “Maires de toutes les batailles”

Philippe Laurent publie « Maires de toutes les batailles » aux éditions de l’Aube. Il y dénonce « l’hypocrisie décentralisatrice » qui prévaut en France depuis des décennies et plaide pour une « régénération démocratique » qui doit passer, explique-t-il, par l’échelon communal.

Philippe Laurent, maire centriste de Sceaux, ne nous a pas habitués aux coups de gueule par trop appuyés. Ce n’est pas le genre de cet élu “un peu troisième République”, qui affirme avoir toujours veillé à “adopter une pratique du pouvoir aussi consensuelle et bienveillante que possible”…

D’où la – bonne – surprise que l’on peut légitimement éprouver à la lecture du livre qu’il vient de faire paraître aux Éditions de l’Aube, sous un titre explicite : “Maires de toutes les batailles – En finir avec l’hypocrisie décentralisatrice”. Pas trop de rondeur ici, pas de circonlocutions ni d’atermoiements : le livre est résolument écrit à la première personne, il va droit au but, servi par une plume vigoureuse et directe.

Engagement et terrain

On y lit l’histoire d’un homme et de son engagement de terrain, nourri de ses héritages familiaux autant que d’une culture politique forgée au fil des décennies et au contact de quelques mentors. D’abord adjoint aux Finances, à la culture, aux questions scolaires, Philippe Laurent a fait toutes ses classes à Sceaux, ville moyenne alto séquanaise qui lui a permis de construire son expertise territoriale avant de le placer à la tête de l’exécutif municipal.

On trouvera aussi, dans cet ouvrage dense, un portrait des dernières décennies en Ile-de-France : l’occasion de retracer, avec quelques anecdotes malicieuses ici ou là, une brève histoire des Hauts-de-Seine, entre Pasqua et Devedjian, avant d’élargir encore la focale au “Grand Paris”. Sur ce terrain, Philippe Laurent – ce n’est pas son sujet principal ici – restera évasif : le succès du Grand Paris, dit-il, est “relatif” et sa construction “très laborieuse”.

Concentration du pouvoir central, assèchement du pouvoir local

Le cœur du livre est ailleurs, et c’est là que s’exprime la fougue, voire la colère, d’un élu qui en oublierait presque sa tempérance centriste : le maire de Sceaux, comme ses alter ego de la “communauté des maires”, subit, depuis plusieurs années maintenant, l’action des “fossoyeurs de la décentralisation”. Ils sont partout et de toutes les époques, de gauche comme de droite ou même du centre – Sarkozy, Hollande, Macron…-, à la tête d’un État incurablement centralisateur. Et pour cause : ce ne sont pas les choix idéologiques qui sont en cause, mais bien « la haute administration, qui a imposé ses vues, année après année, gouvernement après gouvernement… ».

Les années 80 avaient constitué un big bang radical dans l’organisation territoriale française. Mais le pouvoir central s’est ensuite assidûment employé à le vider de son sens, “euthanasiant” des maires soumis à une pression bureaucratique et financière de plus en plus rude. Or, ce sont les communes qui “permettent au système de ne pas s’effondrer”, explique le maire de Sceaux. Leur porter tort, c’est porter tort à tout le monde.

Résultat, insatisfaction des Français face à leurs institutions, impression d’abandon, abstention, colères de toutes sortes… Seule la démocratie de proximité vécue à l’échelle communale pourrait susciter “une réconciliation démocratique” devenue indispensable, souligne le maire de Sceaux, qui est aussi candidat à la présidence de l’Association des maires de France. Et c’est urgent.

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