Les collectivités territoriales sont devenues des acteurs majeurs de la culture

Depuis de très nombreuses années, les collectivités locales sont très présentes au festival d’Avignon. Mais elle l’étaient souvent en tant qu’elles-mêmes, accompagnant et soutenant artistes et compagnies. Depuis quelques années, grâce à la collaboration étroite des associations d’élus, dont la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), que j’ai l’honneur de présider depuis deux ans, les collectivités territoriales ont tenu parole de plus en plus forte et présente, non seulement comme financeur, mais aussi comme véritable partenaire des professionnels, des artistes et de l’Etat dans la construction permanente des politiques publique de la culture, vraie exception française et européenne. Cette édition 2013 aura été, de ce point de vue, d’une remarquable intensité. Désormais, après des années de travail et de pédagogie, les pouvoirs locaux ont acquis doit de cité, au même titre que l’Etat, dans le monde public de la culture. Cela aura été l’un des mérites de la ministre actuelle, Aurélie Filippeti, de l’avoir compris et de considérer désormais, publiquement, les pouvoirs locaux comme co-constructeurs de la « dimension culturelle » des politiques publiques.

Hortense Archambault, co-directrice du Festival, n’est pas pour rien dans cette évolution. Depuis dix ans, avec Vincent Baudriller, Hortense a bien voulu accompagner la FNCC. Bien avant d’autres, elle a parfaitement compris que les élus locaux n’étaient pas – pour leur immense majorité – les féodaux encore dénoncés par quelques artistes nostalgiques de la commande de l’Etat, mais au contraire des femmes et des hommes attachés à la place des arts et de la culture sur leur territoire et auprès de leur concitoyens, soucieux de la diversité et de la découverte de nouvelles formes artistiques, conscients aussi de l’apport de la culture comme marqueur de l’identité de leur territoire et, le cas échéant, de ressources d’activité.

Cette évolution, dont nous sommes convaincus qu’elle est positive tant que se manifeste toujours la présence de l’Etat comme garant de la qualité, de la diversité et de l’équité territoriale, s’est notamment manifestée par un dialogue enrichi avec les professionnels, conduisant par exemple à la signature d’un tout premier texte de référence élaboré directement entre une association d’élus (la FNCC) et des représentants de professionnels des arts et de la culture, la Charte des missions artistiques et territoriales des scènes publiques (hors label). Cosignataires : le Syndicat national des scènes publiques indépendantes (SNSP), France Festivals, et la FNCC. C’était une première : les scènes publiques acceptaient ainsi de considérer les élus locaux comme de vrais partenaires, et plus seulement comme de simples financeurs. Et les élus reconnaissaient l’indispensable professionnalisme des directrices et directeurs de scènes publiques. Un tel évènement est devenu « normal ». Il aurait été inconcevable il y a vingt ans, lors que l’Etat s’arrogeait toutes les responsabilités, et que les professionnels se méfiaient des « féodalités locales ».

A Avignon toujours, plusieurs émissions et colloques ont témoigné la reconnaissance par la presse nationale de la Fédération mais surtout la reconnaissance du rôle prépondérant des collectivités territoriales pour les politiques de l’art et de la culture. Ainsi, les parlementaires – notamment les sénatrices et sénateurs – ont souhaité approfondir le dialogue constant et de plus en plus dense, noué depuis plusieurs années, avec les élus territoriaux plus particulièrement impliqués dans la culture.

Et puis, avec la coordination de la FNCC, l’ensemble des associations d’élus se sont retrouvées, avec la ministre, pour adopter une « déclaration » solennelle. Inaugurée en 2010 (année de la signature de la première Déclaration d’Avignon “Pour une république culturelle décentralisée”) et poursuivie en 2012, cette rencontre décisive, dans un moment difficile pour les budgets publics, notamment en matière de culture, s’avère porteuse d’avenir en consacrant la signature commune des « Quinze engagements des associations de collectivités territoriales face à la nouvelle donne des politiques culturelles ». Un texte ambitieux qui se clôt par ces mots : « Les associations d’élus s’engagent, par la présente déclaration et dans l’esprit de solidarité et de dialogue entre collectivités affirmé dans les précédentes Déclarations d’Avignon 2010 et 2012, à poursuivre la réflexion et la concertation afin de refonder l’ancrage des politiques culturelles au coeur des politiques publiques. »

Et puis, il y a le festival. Incroyable entreprise que celle-là, à la fois d’une fragilité immense et d’une force inouïe, comme tout ce qui tient à l’éphémère merveilleux du spectacle vivant. Hortense et Vincent nous ont donné à voir, depuis dix ans, un festival renouvelé, pour le meilleur du théâtre d’aujourd’hui. Parfois, cela fut dans doute un peu douloureux, et cela a fait débat, comme il est normal dans le monde de la culture et donc de l’émotion. Mais Avignon a continué de progresser, avec un public aussi plus jeune, mieux formé, donc plus exigeant. Nous souhaitons maintenant bonne chance à Olivier Py, qui saura sans aucun doute poursuivre l’oeuvre accomplie et lui faire profiter de son propre talent. Avignon se nourrit, année après année, des taents des artistes, des savoir-faire des professionnels, de l’exigence renouvelée et fidèle ds publics. C’est grâce à cela qu’il continue de vivre … et de vivre de plus en plus avec l’accompagnement eds collectivités locales !

Par la profondeur de leur engagement, par leur reconnaissance du professionalisme des acteurs de la culture, par leur claire conscience des enjeux en terme d’éducation, de maintien de la cohésion sociales, d’épanouissement des personnes, les élus locaux ont enfin conquis droit de cité dans le domaine culturel.

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