Le Progrès – “Maires de toutes les batailles”, ce que l’État ne comprend pas
Philippe Laurent est représentatif de ces nombreux élus qui privilégient le mandat local. Avec ce livre, il témoigne de cet engagement au service de ses concitoyens et il plaide pour le retour aux fondamentaux de la décentralisation.
S’il n’en reste qu’un, ce sera lui ! L’élu le plus proche des citoyens, par sa fonction, et, à ce titre, le plus reconnu et apprécié. L’élu à portée d’engueulades des jamais contents et autres mauvais coucheurs. Notre premier magistrat dont les décisions ont des effets directs sur notre vie quotidienne. Pour autant, nos valeureux 35 000 maires de France, ne sont ni indifférents, ni même épargnés, par un malaise ambiant qui, pour n’être pas vraiment nouveau, ne cesse de multiplier ses signes, contribuant à rendre quelque peu délétère notre vie publique.
Plus d’autonomie, moins de normes
Ainsi, Philippe Laurent n’est-il pas homme à nier une telle évidence, ni à se contenter d’un constat fataliste. Et pour cause. Il est, depuis une vingtaine d’années, le maire de Sceaux, souriante ville moyenne, à la périphérie ouest de Paris. C’est aussi à ce titre qu’il s’active au sein de divers organismes ayant pour vocation d’aider nos communes ou de mutualiser leurs moyens. Avec cet essai, qui est le contraire d’un pensum théorique, il nous propose donc une double approche. D’abord un témoignage captivant sur ce qui fonde et compose, au quotidien, son engagement d’élu. Ensuite, une analyse précise et juste sur l’étrange comportement de l’État qui, sous prétexte de décentraliser, ne cesse de resserrer l’étau qu’il organise, à seule fin de priver les collectivités territoriales, au premier rang desquelles les communes, des capacités et des moyens d’agir.
Car Philippe Laurent a bien des raisons de dénoncer « l’hypocrisie décentralisatrice ». « Le gouvernement a organisé, institué même, l’irresponsabilité politique des élus, transformés en simples administrateurs. Quelle erreur ! », écrit-il ainsi.
Mais, puisqu’il ne suffit pas de s’indigner, il trace les grandes lignes de ce qui pourrait être une véritable décentralisation. En donnant aux maires une autonomie fiscale, sans laquelle il leur est impossible d’assumer les conséquences politiques de leurs décisions. En interrompant, le flot des normes si souvent absurdes que déversent des administrations centrales, pourtant incapables d’en évaluer la faisabilité.
Candidat à la présidence de l’association des maires de France
Plus généralement, Philippe Laurent propose de « remettre la démocratie à l’endroit ». D’abord en installant le chef de l’État face à ces prérogatives constitutionnelles, quitte à rompre avec une pratique qui le voit décider de tout à tout moment.
Avec ce livre incisif, Philippe Laurent adresse aussi à ses collègues maires un message qui n’a rien de subliminal. Ses préconisations pourraient en effet inspirer le prochain président de la puissante association des Maires de France, au sein de laquelle il est déjà fort actif.
Ayant appris que son collègue de Cannes aspirait à la fonction, avec l’appui d’une étrange coalition politicienne réunissant des Républicains et des Socialistes, Philippe Laurent a d’ailleurs relevé le gant. Par refus des jeux d’appareils et au nom de l’indépendance d’esprit des maires.
Article à retrouver dans Le Progrès du jeudi 7 octobre et en ligne : https://www.leprogres.fr/culture-loisirs/2021/10/07/maires-de-toutes-les-batailles-ce-que-l-etat-ne-comprend-pas