Le patron du CSFPT invite à repenser le management des fonctionnaires plutôt que de taper sur leur statut
Il faut réfléchir à l’avenir des services publics plutôt que de les appréhender sous l’angle budgétaire, a martelé Philippe Laurent à l’occasion de la rentrée du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), qu’il préside, ciblant les propositions des candidats à la primaire de la droite.
“Certains évoquent jusqu’à 600 000 suppressions de postes de fonctionnaires. Mais ils ne disent pas l’impact que cela aura sur le niveau des services publics, ni même qui assumera les missions à leur place : des associations, des entreprises… ou personne ?” Le président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), Philippe Laurent, a ciblé sans les citer nommément les candidats à la primaire de la droite, à l’occasion d’une présentation du récent rapport du CSFPT, “Demain, la fonction publique territoriale”.
“La fonction publique, insiste-t-il, ce n’est pas qu’un coût, des dépenses, des postes à assumer. Des chiffres sont lancés sans donner la place à la défense, sans débat contradictoire.” Maire UDI de Sceaux – et donc a priori plutôt politiquement proche des Républicains – et par ailleurs secrétaire général de l’Association des maires de France, le patron du CSFPT entend porter lui-même ce point de vue contradictoire. “Les fonctionnaires ne doivent pas être appréhendés comme une charge mais comme des producteurs de services en faveur de l’intérêt général”, martèle-t-il, observant que les services publics sont aujourd’hui devenus “une évidence” sur laquelle il est difficile de faire de la pédagogie.
Conventions collectives
Limiter le statut des fonctionnaires aux fonctions régaliennes ? “Là encore, que met-on à la place, relève-t-il. Certaines conventions collectives du privé sont dans les faits très similaires au statut de la fonction publique, qui est autant protecteur pour les agents qu’il peut l’être pour les employeurs publics.” Et d’évoquer l’enjeu du management, premier levier pour optimiser la gestion des services publics. Pour Philippe Laurent, le statut est ainsi un outil dont les managers publics n’utilisent pas toutes les potentialités : “Embaucher un fonctionnaire est moins coûteux pour une collectivité que de faire appel à un prestataire privé, mais à condition de bien recruter et de s’appuyer sur la formation pour faire évoluer les compétences des équipes en fonction des besoins et des attentes des usagers.”
Philippe Laurent relève le rôle premier des cadres, alors que les élus locaux n’ont pas forcément tous les compétences techniques adéquates pour appréhender au mieux une gestion optimale de leurs effectifs. Une réflexion que le président du CSFPT entend porter dans le cadre des échéances politiques à venir. “Quand on parle uniquement du nombre de fonctionnaires, on commet une erreur majeure d’analyse”, insiste-t-il.
Plus concrètement, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale abordera, dans les prochains mois, plusieurs enjeux : la protection sociale complémentaire ; la poursuite de la mise en œuvre des textes relatifs au protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR) ; la reconversion professionnelle des agents et les évolutions des métiers de l’animation et d’assistante maternelle.