[Le Journal de Saône et Loire] « Tous les maires de France sont indignés »

Ce lundi 3 juillet, Philippe Laurent a répondu aux questions du Journal de Saône et Loire, au sujet de l’attaque du domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses.

Comment réagissez-vous à l’attaque contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses ?

« Vincent Jeanbrun est un maire que je connais bien puisque sa commune n’est pas très loin de la mienne, Sceaux. J’avoue que j’ai ressenti une forme de sidération. Ce qui s’est passé n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’assassinat. Nous, les maires, sommes stupéfaits de ce qui s’est passé et de voir que les limites sont franchies. Tous les maires de France sont indignés et proches de toutes ces victimes, tous ces maires qui sont attaqués de plus en plus souvent. »

Cela arrive quelques semaines après l’attaque très médiatisée contre le maire de Saint-Brévin…

« Oui, on a l’impression que nous sommes dans un engrenage dont nous ne voyons pas comment le stopper. Ce qui s’est passé n’est pas le fait de l’immense partie de la population qui nous soutient, mais seulement de quelques-uns. S’il n’y a pas d’actions fermes de la police et ensuite de la justice, cela ne servira à rien. Les maires demandent donc une action forte de l’État. Mais dans ces moments d’émeutes, nous délivrons un message commun avec l’État, totalement apolitique, d’appel au calme. Quand l’essentiel est en jeu, il n’y a aucune place pour des discours politiques ou politiciens. Il n’y a sur ce sujet aucune ambiguïté. »

L’Association des maires de France demande aux habitants de se réunir ce lundi, à midi, devant les mairies. Pourquoi ?

« Car sur le terrain, de nombreux concitoyens nous disent qu’ils n’acceptent pas l’évolution de la situation et qu’ils soutiennent les maires et les forces de l’ordre. Je pense que nos concitoyens ont besoin de ces rassemblements. Ils ont besoin de voir et de montrer que le système tient. Cette initiative est en fait l’occasion de refaire ensemble République. C’est aussi très important pour les employés municipaux. Ils ont besoin de voir que la population est derrière eux, qu’elle sait qu’elle est attachée à ses services publics locaux et aussi à la République. »

Plusieurs centaines d’élus ont démissionné depuis les dernières élections. Y a-t-il un malaise chez les élus ?

« Cinq cents maires et 1 200 élus ont en effet démissionné mais ce n’est pas uniquement dû aux violences, mais aussi à la pression mise sur les élus, la complexité des normes, la difficulté de discuter avec certains services de l’État et aussi la montée des incivilités. Il y a effectivement une désillusion chez de nombreux maires. »

Propos recueillis par Nathalie Maure