« Le gouvernement gagnerait à faire plus confiance aux maires »
Le maire (UDI) de Sceaux, secrétaire général de l’AMF, qui briguera dans quelques jours la présidence de la puissante association des maires, était l’invité d’Acteurs du Grand Paris mercredi 3 novembre 2021. Il a réaffirmé sa détermination à gagner cette élection, pour positionner l’AMF au cœur du débat politique et citoyen.
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En orfèvre du genre, après une trentaine d’années de mandats locaux, le maire (UDI) de Sceaux (Hauts-de-Seine), qui dirigea des années durant un cabinet de conseil en finances locales qui portait son nom et faisait référence dans le secteur, a rappelé les heurs et malheurs de la décentralisation à la française. Une décentralisation dont les débuts, sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, coïncidèrent avec son entrée en politique.
Invité, le 3 novembre 2021, du club Acteurs du Grand Paris, présidé par Thomas Hantz, Philippe Laurent a rappelé que c’est sous Giscard que l’Etat avait procédé à la globalisation de ses concours aux collectivités et mis fin à la tutelle a priori des préfets sur leur action. « Hélas, la décentralisation, qui signifie un transfert de pouvoir de l’Etat aux collectivités, n’est pas allée jusqu’au bout », a-t-il regretté. Philippe Laurent a indiqué que si le secteur public local a longtemps bénéficié de recettes dynamiques grâce à une taxe professionnelle dont la hausse annuelle était supérieure à l’inflation, la crise financière de 2008 et l’explosion de la dette publique qui s’ensuivit conduisirent le gouvernement à brider la capacité des collectivités à lever l’impôt. Tout comme les engagements européens de la France au titre de la contribution des collectivités à la réduction des déficits publics.
« Depuis 2017, Bercy, dont les dirigeants ont toujours souhaité réduire l’autonomie fiscale, dispose d’un pouvoir trop important, le président de la République actuel ne disposant pas de la culture politique qui lui permettrait de résister », a également estimé l’élu. Philippe Laurent prône une société de confiance, notamment envers les maires, regrettant au passage que le gouvernement n’ait pas accédé à la demande des associations d’élus d’augmenter les dotations de l’Etat aux collectivités pour favoriser la relance, préférant soumettre l’attribution de ses subsides à des appels à projets eux-mêmes conditionnés par la constitution de dossiers jugés par trop bureaucratiques.
L’édile a par ailleurs appelé de ses vœux la mise en place d’une conférence des exécutifs permettant une réelle concertation entre les représentants des différentes administrations, nationales et locales.
Pionnier du Grand Paris
Ce pionnier de la construction du Grand Paris, qui figura parmi les maires présents le 5 décembre 2001, à la maison de la RATP, pour une rencontre fondatrice avec Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, a rappelé que les projets métropolitains avançaient, relativisant les critiques sur un Grand Paris qui tarderait à tenir ses promesses.
Il s’est inscrit en faux contre ceux qui souhaitent transformer les établissements publics territoriaux (EPT) en établissements publics de de coopération intercommunale (EPCI) : « En petite couronne, on ne trouve pas des villes importantes entourées de villes de taille moindre comme ailleurs en France. La moyenne de la population des communes, hors Paris, s’élève à 30 000 habitants », a-t-il argué. Avant d’appeler de ses vœux une intercommunalité qui demeure au service de ses communes membres et de juger que le transfert de l’élaboration des plans locaux d’urbanisme à l’échelon intercommunal « constituait une erreur majeure ». « Rien n’est plus politique qu’un PLU », a-t-il estimé.
Enfin, Philippe Laurent a indiqué que si, sur le fond, sa candidature ne s’opposait pas aux autres, les chevaux de bataille de l’AMF demeurant les mêmes (autonomie fiscale des collectivités, en matière d’intercommunalité ou d’urbanisme), sa singularité résidait plutôt dans ce qu’il souhaitait placer l’association au cœur des débats politiques et sociaux et l’ouvrir davantage à toutes les composantes de la société (patronat, syndicat, monde associatif, etc.). « Mon combat sera d’œuvrer afin que l’AMF soit encore plus efficace, pour aider les maires à réaliser leur projet », a-t-il poursuivi. L’élection du président de l’Association des maires de France se tiendra lors du 103e congrès de l’association, qui se déroule du 16 au 18 novembre au Parc des expositions de la Porte de Versailles.