Grand Paris : halte aux postures partisanes, écoutez les maires !
En tant que maire de Sceaux et vice-président du syndicat mixte d’étude Paris Métropole, je suis très inquiet quant au climat créé par les prises de position à l’emporte-pièce à propos de ce qu’il est convenu d’appeler le « Grand Paris ».
Pour les quelques élus locaux de la zone dense parisienne, dont je suis, qui travaillent patiemment depuis 2001 à l’élaboration d’un processus démocratique, respectueux des compétences des différentes collectivités locales et prenant véritablement en compte les besoins de la population la plus large, ce qui se passe aujourd’hui ressemble à un immense gâchis et suscite une réelle déception, et je rejoins le sénateur Philippe Dallier pour évoquer le risque réel de blocage total de tout processus de construction d’une vraie métropole parisienne.
D’un côté l’Etat – dont l’intervention est légitime – s’obstine à faire voter en urgence, par un Parlement fort peu mobilisé sur le sujet, un projet de loi dont la mise en œuvre absorbera tous les moyens financiers disponibles pour des décennies, qui ne répondra que très imparfaitement aux réels besoins des franciliens en terme, notamment, de transports et de logement, et qui aboutira à une « balkanisation » des collectivités territoriales. De l’autre la Région, renouant avec des postures partisanes, a trouvé avec ce dossier l’occasion de « rassembler » sa nouvelle majorité – dans laquelle on trouve bien peu d’élus de terrain – en vue des élections nationales de 2012, dans une démarche de pure dénonciation.
Pour les Franciliens, cette opposition est détestable et stérile. Alors même qu’on aurait pu attendre, et de l’Etat, et de la Région une attitude constructive et ouverte une fois passé l’épisode des élections régionales, ce dossier cristallise désormais les oppositions de partis politiques dans une perspective bien éloignée de la métropole. Dans cette affaire, décidément et une fois encore, seuls les maires de l’agglomération, en construisant ensemble Paris Métropole bien au-delà des partis, auront su faire preuve de leur capacité à imaginer, dialoguer et travailler vraiment ensemble pour l’intérêt général. Mais qui donc les écoute, lorsque la polémique enfle et tient lieu de seul dialogue ?