ESS : incarner la fraternité
Notre pays brille depuis de nombreuses années par son tissu associatif et coopératif et mutualiste qui maille les territoires et joue un rôle indispensable dans notre société. Derrière ces structures à but non lucratif, ce sont des millions de bénévoles – mais aussi de salariés – qui abattent un travail considérable et font vivre les territoires et le lien social. Ils sont pleinement acteurs des politiques publiques et entretiennent de fait un lien très étroit avec les collectivités et tout particulièrement les communes. D’ailleurs, de nombreux élus locaux en proviennent et continuent d’y agir.
L’économie sociale et solidaire (ESS) est venue compléter les dispositifs existants. Là où les urnes sont devenues des réceptacles de la colère, l’ESS s’est imposée comme un nouveau mécanisme de diffusion positif permettant de peser sur les décisions publiques.
Par une approche « bottom up », coopérative et axée « développement durable », l’ESS favorise un écosystème « auto-organisé » agissant avant tout localement mais se pensant, par extension, globalement. Cette forme de vie politique et sociale consacre l’action individuelle et en fait une soupape de la dynamique des territoires.
Dans une société en perte de valeurs et marquée par le repli sur soi, mobiliser des énergies et les faire vivre n’est pas une mince affaire. Parce que l’ESS permet de renforcer le lien social, de renouer avec la recherche de fraternité, la Ville de Sceaux ,- comme beaucoup d’autres – accompagne de longue date sur son territoire les projets citoyens et l’entrepreneuriat, à l’image de la création, par des Scéens impliqués, de l’espace de co-working Sceaux Smart, qui propose des espaces de travail modulaires, des services, des animations et des partenariats noués avec les établissements d’enseignement supérieurs de Sceaux pour favoriser les collaborations de demain entre étudiants, cadres confirmés et entreprises.
La nouvelle génération (mais pas seulement elle …) est en quête de projets ayant un sens, une valeur ajoutée pour la société. A l’échelon local, l’écosystème ESS, qui fait la part belle à l’innovation, à l’implication et à l’inclusion, s’impose de plus en plus comme un acteur incontournable et concret du changement. En France, ce sont 2,37 millions de salariés qui sont employés dans ce secteur, soit 10,5% de l’emploi. Ce n’est pas rien. Et c’est la raison pour laquelle j’ai été l’un des tout premiers maires à signer l’appel du Réseau national de l’économie sociale et solidaire (RENESS) pour la création d’un « vrai » ministère de l’économie sociale et solidaire[1].
Mais en ces temps électoraux, impossible de ne pas faire de parallèle avec la sphère politique. Internet, les réseaux sociaux et les nouveaux médias ont bousculé les pratiques d’information et d’expression tandis que les conséquences sociales de la crise de 2008-2009 ont favorisé le retour en force des populismes. Alors qu’une fatigue démocratique s’installe[2] dangereusement, il faut franchir une étape supplémentaire et permettre aux citoyens qui souhaitent s’impliquer davantage de pouvoir le faire. Les former (par des échanges plus réguliers avec élus et experts) et leur faire une place dans la gouvernance des institutions (comme avec le Conseil de développement de la Métropole du Grand Paris) sont les clés pour remettre l’humain et la fraternité au centre du jeu.
[1] http://www.reness.fr/wp/?p=1247
[2] http://www.ipsos.fr/sites/default/files/doc_associe/enquete_democratie_novembre_2016_vdef.pdf (pages 12 à 15 notamment)