Tribune : « Comment les candidats à la primaire ont approché les maires de France »

 

18/11/2016 07:00 CET

A la veille du premier tour de la primaire de la droite et du centre, une véritable « chasse aux maires » s’est organisée entre les candidats. Ils n’ont eu de cesse ces derniers mois de solliciter certains d’entre nous, d’abord pour obtenir les 250 parrainages d’élus locaux et ainsi concourir au scrutin de cette primaire, désormais pour bénéficier localement de puissants relais d’opinion et mener une campagne de terrain efficace. Et les maires reçoivent déjà presque chaque jour les messages de (très) nombreux prétendants au scrutin des mois d’avril et mai prochains, pour obtenir le fameux « sésame » qui ouvre la voie à la campagne officielle et donc à la possibilité sinon d’accéder à la magistrature suprême, au moins de délivrer un message à une audience qu’on imagine de grande ampleur.

En ces temps d’élection nationale, l’influence des maires s’affirme encore davantage. Élus les plus populaires de la République, ils sont souvent de véritables prescripteurs auprès de leurs concitoyens. Ils représentent donc des leviers déterminants pour les candidats en campagne. Ce pouvoir de prescription électorale et la capacité des maires à faire basculer un vote s’expliquent avant tout par le fort attachement que les Français leur portent et par la confiance qu’ils leur accordent.

Si l’image du maire est si positive dans le paysage politique aujourd’hui, c’est qu’il est reconnu comme l’acteur public de proximité par excellence. A l’heure où le doute – voire le rejet – de la classe politique n’a jamais été aussi élevé, les maires sont les seuls épargnés. Ils recueillent ainsi 63% de confiance dans l’opinion – contre 42% pour les députés et seulement 12% pour les partis politiques selon le baromètre CEVIPOF de janvier 2016. Il est intéressant de souligner que ce phénomène est commun à toutes les classes sociales : 70% des agriculteurs, 72% des ouvriers et 69% des cadres supérieurs déclarent éprouver ce fort sentiment d’attachement.

Le maire est donc le premier rempart contre la défiance vis-à-vis du politique et de la vie démocratique, que nous observons auprès de l’opinion. De la même manière, le conseil municipal recueille jusqu’à 65% de confiance dans ce même baromètre, illustrant la confiance importante dans les acteurs de proximité.

L’action de l’élu local apparaît ainsi bien souvent comme plus concrète et davantage au service des administrés que toute autre mesure ou décision politique prise à l’échelon national. Alain Juppé ne s’y est pas trompé, lui qui déclarait il y a quelques mois à l’occasion du congrès de l’Association des maires de France : « Les maires sont des faiseurs, des bâtisseurs ». Le maire joue en effet un rôle crucial d’organisateur des services publics de proximité, qui sont si utiles et souvent indispensables à la population.

On observe par conséquent, et sans surprise, que nombre de Français tiennent à se renseigner sur le parrainage, voire le soutien de leur maire, avant de se décider sur leur vote. De même, c’est à raison que chaque candidat scrute les interviews des maires dans la presse locale dans l’espoir que ses prises de position aient un impact positif pour lui le jour du vote.

Cela est d’autant plus vrai dans le cadre des primaires, lors desquelles la mobilisation électorale est plus importante en zone urbaine. Les candidats à la primaire de la droite et du centre ont gardé en mémoire l’influence majeure des élus locaux sur le résultat de la primaire socialiste en 2011 dont Martine Aubry était sortie en tête du premier tour, grâce au soutien des maires de Paris, Toulouse et Grenoble notamment. Les taux de participation à la primaire dans ces villes avait été importants, et ont sans aucun doute pesé sur les résultats.

Les candidats n’hésitent pas non plus à mettre en avant leur expérience passée de maire et à en faire un atout de campagne. Souvent perçus comme déconnectés, loin de connaître la réalité des problèmes des gens, ils sont en quête de cette précieuse proximité. Une proximité que leur apportent les maires et qui leur donnera la légitimité nécessaire pour remporter l’élection qui s’annonce.

Mémoire de la vie communale et de celle de ses habitants, gestionnaire du patrimoine commun, moteur de l’économie, garant de l’ordre et de la sécurité publics, acteur engagé et indispensable des politiques publiques de proximité dans les domaines sociaux, éducatifs, culturels, sportifs, etc., animateur de la vie locale, protecteur de la qualité de vie au quotidien, le maire, avec son équipe municipale et son administration de terrain, occupe en définitive une place irremplaçable auprès de la population. Cette place continue de rayonner avec force à l’heure où nos concitoyens se dirigent vers les urnes.

Philippe Laurent

Maire UDI de Sceaux, Secrétaire général de l’AMF, Vice-président de Paris Métropole

Laisser un commentaire