Tribune : Sauver le service public pour pérenniser le modèle républicain !
Philippe Laurent, le 06/10/2016 à 18h19
Philippe Laurent est président du Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale. Auteur du rapport sur le temps de travail des fonctionnaires remis à Annick Girardin, ministre de la fonction publique, il s’exprime aujourd’hui dans notre espace Débat.
En ces temps de tensions sociales, la France a parfois tendance à oublier le pacte républicain sur lequel elle est fondée. Pourtant, il y a tout juste quelques mois, alors que la République était frappée en plein cœur d’une violence indescriptible, les Français se sont unis et retrouvés, partageant la même solidarité fraternelle. Symbole des valeurs héritées de notre histoire, elles constituent l’identité même de la France.
Les valeurs traditionnelles
Notre modèle républicain s’est construit sur une conception spécifique du service public, à qui nous avons choisi de confier l’essentiel des fonctions non seulement régaliennes, mais aussi collectives. Bénéficier de l’éducation à l’école, profiter d’infrastructures diversifiées, découvrir la culture, pratiquer le sport de son choix… toutes ces fonctions sont assurées par les agents publics dans le respect des valeurs traditionnelles de neutralité, de laïcité et d’accessibilité universelle.
Ces valeurs sont le fondement de notre service public et guident chaque jour l’action de plus de cinq millions de fonctionnaires. Les agents publics les font vivre, les diffusent et les défendent dans leur action quotidienne. Je le constate chaque jour dans la vie locale et j’ai pu encore observer récemment en réalisant un rapport à la demande du premier ministre Manuel Valls sur le temps de travail des fonctionnaires.
Une égalité réelle
Garants de l’égalité, ils permettent à tous les citoyens de disposer d’un droit d’accès effectif aux services publics. Dans les établissements d’enseignement et les hôpitaux, ils défendent la laïcité. Ils veillent au respect de la non-discrimination, impliquant un traitement égal de chaque personne recourant au service public, sans qu’il soit tenu compte tenir compte de sa nationalité, de son sexe ou de ses opinions.
Garants de l’égalité réelle, ils sont ainsi au cœur de la redistribution sociale et territoriale en France, ils assurent le « filet de sécurité » dont une société fragile a plus que jamais besoin.
L’attachement au modèle communal
Si de nombreux Français ont pour premier repère la commune afin de répondre à leurs préoccupations, cela n’est pas dû au hasard. Au plus près des usagers, l’action des agents publics sur le terrain a créé un attachement profond de nos concitoyens au modèle communal, preuve de la qualité du service public de proximité. Eux aussi témoignent de la modernité des valeurs qui les animent, et du bien-fondé de notre modèle.
À moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, je m’étonne encore de découvrir certaines propositions politiques qui dévalorisent notre service public, critiquant son fonctionnement et souhaitant en réduire sans nuance les effectifs. Leurs défenseurs doivent comprendre et prendre conscience de l’impérieuse nécessité de réaffirmer ces valeurs partagées. Outre diviser les Français en les opposant les uns contre les autres, le débat essentiel réside dans le choix de société que nous porterons pour l’avenir.
À travers ces attaques récurrentes des fonctionnaires, c’est toujours un certain esprit public et républicain qui est visé.
Transmission
Il faut donc rappeler qu’il est essentiel de transmettre aux nouvelles générations ces valeurs en apparence traditionnelles, mais qui sont plus que jamais d’actualité, et même d’avenir, pour garantir la cohésion sociale. Notre service public, et à travers lui nos communes, sont l’ADN de la France, indispensables à la pérennité du modèle républicain français.
Philippe Laurent