Culture : nous avons besoin les uns des autres !
Six mois après la décision d’approfondir le fonctionnement du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel (CCTDC), l’atmosphère sereine, ouverte et mutuellement respectueuse qui a caractérisé la réunion plénière du 13 mai, à laquelle je représentais devant la ministre la FNCC, témoigne que cette instance est bien sur la voie de devenir le réel espace de concertation et de codécision entre les collectivités territoriales et l’Etat dont les politiques culturelles ont besoin.
C’est une bonne nouvelle, car en ces temps difficiles les défis sont nombreux. Les artistes et les professionnels de la culture, mais surtout l’ensemble de nos concitoyens – plus que jamais actifs et demandeurs d’épanouissement de la vie symbolique, pour eux, pour leurs enfants et pour la transmission des valeurs de liberté, de respect et de reconnaissance de l’autre inhérentes aux arts et à la culture – imposent à la puissance publique nationale et locale un tel alliage. Un alliage qui affine les exigences de l’intérêt général par celles de l’inventivité politique locale et qui approfondit les exigences de l’intérêt local en les envisageant à l’horizon du bien commun culturel.
Cette entente est aussi une urgence. Alors que les projets de lois spécifiquement culturelles – loi d’orientation pour la création artistique, loi patrimoines – sont, pour la première fois, l’objet d’un dialogue franc, souple et attentif entre élus et services du ministère de la Culture, leur articulation avec celle remodelant le fonctionnement institutionnel des pouvoirs locaux appelle toute notre vigilance. Des craintes raisonnées portent sur l’avenir des indispensables co-financements ou encore le sens du maintien d’une compétence culturelle pour toutes les natures de collectivités alors que les moyens budgétaires de l’exercer restent l’objet de lourdes interrogations.
Au-delà des lois, c’est avec une forte volonté de clarté que les grands chantiers novateurs que sont la généralisation de l’éducation artistique et culturelle ou l’avenir du financement des industries culturelles dans l’univers numérique sont discutés au sein de CCTDC. Il appartient aux collectivités de se mettre en mesure de formaliser leurs attentes et de faire des propositions constructives. Et il revient au ministère de la Culture de fonder et de nourrir sa capacité d’expertise, de prospective et d’impulsion sur une écoute précise de la voix des collectivités.
La FNCC demeure plus que jamais attachée à cet outil, unique et précurseur, qu’est le CCTDC. Elle s’est profondément impliquée pour sa réactivation ainsi que pour l’accroissement de sa légitimité, notamment par un rôle d’avis sur les textes-cadres et les projets de lois concernant la culture. Elle se félicite aujourd’hui de l’optimisation progressive de son fonctionnement et revendique que, quels que soient les arbitrages terminaux de la future loi de décentralisation, son autonomie, sa souplesse et son essentielle absence de hiérarchie entre les différents types de collectivités demeurent préservées. C’est à nous, élus locaux et ministère de la Culture, d’y veiller ensemble.