Tribune La Gazette des Communes : Eau potable, les élus locaux alertent l’État sur l’urgence d’agir pour éviter un coût insoutenable
Face à la multiplication des scandales de contamination de l’eau potable par des pesticides et leurs métabolites et à la flambée du prix de l’eau, plusieurs élus locaux et collectivités, de toutes tailles et sensibilités politiques, lancent un cri d’alerte et exhortent l’État à « agir sans délai ».
En première ligne, nous, élu(e)s locaux, alertons sur la situation critique de l’eau potable en France. Depuis des années, toutes nos institutions ont publié des centaines de rapports parfaitement informés qui détaillent les multiples pollutions de l’eau potable, leurs effets pour la population et les sommes faramineuses englouties par les collectivités pour garantir la qualité de l’eau que nous buvons.
L’approvisionnement en eau des habitants « en tension »
Les collectivités territoriales gèrent plus de 33 000 captages d’eau. Depuis les années 1980, plus de 14 000 captages ont déjà été fermés, abandonnés. La première cause incombe à la détérioration de la qualité de l’eau, en particulier à cause des pollutions aux pesticides et de leurs métabolites (molécules issues de leur dégradation).
Ces abandons sont coûteux pour nos collectivités et mettent parfois en tension l’approvisionnement en eau des habitantes et habitants. Plus coûteux encore sont les traitements de l’eau pour qu’elle soit conforme aux normes de qualité / consommation. Pour la seule dépollution de l’eau aux pesticides et aux engrais azotés minéraux, au moins 750 millions d’euros sont dépensés chaque année.
Plus les pollutions à risque pour l’eau potable sont recherchées, plus elles sont trouvées. Face à cette contamination croissante, les collectivités doivent multiplier les traitements, investir dans des technologies coûteuses et abandonner des captages, se retrouvant ainsi au pied d’un mur d’investissement colossal. Une seule certitude : la facture se répercute sur les usagers. D’ici 2030, le prix de l’eau pourrait doubler.
Stoppons la pollution des captages dès 2025
Pourtant, la mise en place de ces mesures curatives représentent un coût 5 à 10 fois plus élevé que des mesures préventives. La pression sur la ressource en eau va continuer à s’accroître avec les dérèglements climatiques qui en limitent la disponibilité. En l’absence d’action, la pérennité du service public de l’eau est remise en cause. Les petites collectivités et les territoires ruraux seront évidemment les premières victimes. L’Etat ne peut pas les abandonner dans un contexte” d’échec global” des politiques publiques de réduction des pesticides et de protection de l’eau potable.
Nous demandons donc à l’État d’agir sans délai pour stopper la pollution massive des zones de captage en s’attaquant directement à sa source. Cela implique la mise en place immédiate de mesures de réduction, voire d’arrêt de l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les aires d’alimentation de captages. Nous souhaitons que la recommandation du rapport IGAS-IGEDD-CGAAER, rendu public en novembre 2024, soit inscrite dans la loi dès 2025.
Signataires
- Pierre Aschieri, maire de Mouans Sartoux
- Benoît Baranger, maire de Bourgueil
- Christian Bardet, Président du SEP SUD CHARENTE
- Eric Berlivet, maire de Roche-la-Molière
- Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire Bretagne
- Sylvie Cassou-Schotte, présidente de la Régie de l’Eau Bordeaux Métropole, vice-présidente de la Métropole de Bordeaux déléguée à l’Eau et l’Assainissement
- Christophe Clergeau, député européen
- Danielle Cornet, maire de Pontchâteau
- Jean-Yves Deballon, vice-président de Grand Châteaudun en charge de l’eau
- Fabienne Fonteneau, maire de Saint-Denis-de-Pile
- Anne Gallo-Kerleau, maire de Saint-Avé, vice-présidente de la région Bretagne en charge du Tourisme, du Patrimoine et du Nautisme
- Anne Grosperrin, présidente de la Régie Eau du Grand-Lyon, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge du cycle de l’eau
- Sandra Guichard, adjointe urbanisme et nature d’Amboise
- Pascal Hervé, vice-président de Rennes métropole
- Philippe Laurent, Maire de Sceaux
- Sébastien Leclerc, Maire de Lisieux
- Dan Lert, président de la régie Eau de Paris, adjoint à la Mairie de Paris
- Christophe Lime, président de France Eau Publique, vice-président de Grand Besançon Métropole en charge de la Gestion de l’eau potable, des eaux fluviales et de l’impact des eaux usées
- André Mellinger, maire de Figeac
- Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage
- Brice Ravier, maire d’Amboise
- Stéphan Rossignol, maire de La-Grande-Motte, président de l’Agglomération du Pays de l’Or
- Thierry Schaal, vice-Président à l’Eurométropole de Strasbourg en charge de l’Eau, l’Assainissement et la GEMAPI
- Fabien Verdier, maire de Châteaudun, président du Grand Châteaudun