Les services publics locaux en danger
A la suite de la conférence des finances publiques, qui s’est tenue le 12 mars dernier, on peut légitimement s’étonner de la forme de satisfaction affichée par plusieurs participants à la sortie de la réunion.
Au-delà de la méthode, certes intéressante, mais qui demandera à être affinée par la suite – ce qui suppose une pleine et entière collaboration de l’administration centrale loin d’être acquise -, comment peut-on en effet se satisfaire de la situation qui est faite aux collectivités locales et qui sonne comme une véritable sanction ? Le gouvernement décide de les priver de 4,5 milliards de recettes en deux ans, alors même que ces recettes sont dues aux collectivités, puisque ce sont d’anciens impôts supprimés et compensés. Il se prépare à mettre à leur charge de nouvelles dépenses, comme la hausse des taux de TVA ou l’accompagnement de la réforme des rythmes scolaires. En contrepartie, il ne propose qu’un allègement bien illusoire des normes – qui de toute façon ne représentera jamais, et de loin, les sommes prélevées -, une enveloppe d’emprunts dits bonifiés – avec, tout de même, des marges bancaires de 1,30% là où les collectivités obtenaient il y a encore trois ans 0,10% ! -, … et la mise en place de groupes de travail, qui seront en réalité autant de lieux d’affrontement entre élus pour déterminer qui paiera plus ou moins que les autres. Riante perspective, décidément ! Si je n’aime pas la politique partisane, je ne peux cependant m’empêcher d’imaginer les réactions des élus de l’actuelle majorité si l’ancienne majorité avait fait de telles annonces !
En réalité, la dégradation des finances locales, et notamment des communes, va s’accélérer rapidement et fortement. Nous n’aurons plus, dans moins de trois ans, la capacité de maintenir les services publics locaux. Il faut le dire aux Français, leur dire que des crèches vont fermer, les rues seront moins entretenues, les subventions aux associations fortement diminuées, etc…. Leur dire aussi que l’investissement public local va chuter, entraînant du chômage et nuisant à l’attractivité du territoire français. Ils ressentiront directement les effets, dans leur vie quotidienne, de cette façon de faire ahurissante, aux antipodes de l’intérêt général, qui considère les collectivités territoriales comme des acteurs banals de notre pays dont on pourrait se passer. Toute diminution des ressources des collectivités locales, c’est du service public en moins, c’est de l’investissement public en moins, c’est un peu plus de crise et de difficultés pour tous ! C’est une situation dont on ne peut, en aucun cas, se satisfaire lorsque l’on croit à l’importance de l’action publique pour plus de solidarité, de fraternité et de préparation de l’avenir.