« Inventons la Métropole » grâce et avec les maires
L’appel à idées « Inventons la Métropole du Grand Paris » a été un succès. Elle a permis la mobilisation de nombreuses équipes professionnelles de grande qualité. Elle a révélé un grand nombre de sites susceptibles de faire l’objet d’opérations d’aménagement et de constructions de qualité, et ainsi montré d’un seul coup la capacité de « refaire la ville sur la ville » du territoire métropolitain. Cette initiative a non seulement été l’occasion pour la jeune Métropole du Grand Paris de communiquer et de faire mieux reconnaître son existence. Elle a été aussi utile et réconfortante à tous ceux qui, au-delà des querelles institutionnelles – qui masquent souvent des luttes de pouvoir – veulent sincèrement la réussite du fait métropolitain et y contribuent dans leur action quotidienne.
Parmi ceux-ci, il y a, naturellement, les maires et leurs équipes, élus et agents publics. Il est frappant de constater – mais ce n’est guère une surprise – que ce sont bien les maires, et eux seuls, qui ont pris à bras-le-corps la proposition de la Métropole, ont proposé les sites, ont fait travailler leurs propres équipes dans l’élaboration des cahiers des charges et dans l’évaluation des propositions. Si l’appareil métropolitain a su encadrer l’ensemble de la démarche pour lui garder sa cohérence d’ensemble, les équipes municipales sont vraiment allées au charbon, notamment parce que les sites concernés représentent le plus souvent des endroits stratégiques pour les villes où ils se situent. Cette bonne collaboration entre les communes et la Métropole doit être soulignée. Elle n’en minore pas moins le rôle des communes. Sans l’implication forte et permanente des maires et de leurs équipes, l’initiative « Inventons la Métropole du Grand Paris » aurait été un échec. Elle n’aurait même pas survécu à l’annonce de son lancement.
Ce rôle central des maires dans l’organisation du fait métropolitain mérite d’être à nouveau souligné alors que les réflexions vont bon train sur les évolutions institutionnelles que pourraient connaître la Métropole et, peut-être, la Région Ile-de-France. Il n’est pas une option, il est une constante dont devront tenir compte tous les schémas proposés sous peine d’échec. Car les maires sont les seuls qui peuvent faire partager au plus grand nombre d’habitants les enjeux de l’organisation métropolitaine. Ils ont le contact au quotidien avec la population et détiennent le bien le plus précieux dans toute construction humaine : la confiance. Confiance en la parole donnée, confiance en notre capacité à maîtriser collectivement notre avenir. Or, la Métropole, quel qu’en soit demain le périmètre, ne doit pas être une construction juridique et technocratique. Elle doit concerner tous les habitants, et les habitants doivent se sentir concernés par sa réussite.
Et puis, les maires ont l’habitude de travailler ensemble, d’élaborer les meilleures solutions communes, au-delà des attaches partisanes. Ils n’ont pas attendu les « territoires », dont le caractère imposé par le pouvoir central (à la fois sur le périmètre et, surtout sur les compétences avec cette erreur majeure et inutile – que nous avions dénoncée à l’époque – du transfert automatique des PLU) les entache, pour la plupart, d’un péché originel dont ils auront bien des difficultés à se dégager. Le nombre d’habitants moyen d’une commune de la Métropole est de 30 000 habitants, une taille où l’intercommunalité est une « coopérative de villes » et non un substitut à une difficulté d’agir des communes. Prenons garde à ne pas détruire davantage ce qui a été souvent patiemment élaboré pendant des décennies, au profit d’un empilement ayant l’apparence, vu des salons parisiens et parlementaires, de la rationalité et du trop fameux « jardin à la Française ». Laissons nos territoires communaux respirer, s’emparer des initiatives comme ils l’ont fait avec « Inventons la Métropole du Grand Paris », informer et mobiliser les citoyens. Ils n’en seront que plus vaillants et déterminés de nous faire collectivement réussir une métropole durable, innovante, solidaire, et donc rayonnante.