« Brevet de compétence » des élus : un crime contre la démocratie, une injure aux électeurs
Les réactions passionnées à la probable accession de Jean Sarkozy – dont je suis le collègue au sein du conseil général des Hauts-de-Seine – à la présidence de l’EPAD passent sous silence une question de fond qui devrait faire davantage réfléchir celles et ceux qui s’indignent et qui touche au fond de la démocratie.
En France, l’âge légal pour se présenter à une élection cantonale et donc devenir conseiller général est de 18 ans. A partir du moment où les électeurs élisent démocratiquement un candidat, quel que soit son âge, son origine, son niveau de formation, etc … l’élu détient une pleine légitimité qui lui vient précisément de cette élection. Je suis pour ma part très choqué, et même très inquiet pour notre démocratie, de la réaction de ceux qui mettent en avant, par exemple, le niveau de formation de Jean Sarkozy. Depuis quand faut-il un brevet de « compétence » juridique ou technique pour prétendre exercer un mandat politique ? Chacun connaît la liberté de ton que je m’autorise, y compris vis à vis des puissants. Et c’est au titre de cette liberté de ton, que je considère que ce qui est en train de se passer est extrêmement grave et que tous les responsables politiques qui s’expriment à ce propos en déniant la possibilité à Jean Sarkozy de devenir le président de l’EPAD au titre de son mandat pleinement légitime d’élu local commettent un crime de « lèse-démocratie ».
Si on les écoute et si on les suit, demain, il faudra présenter un brevet de compétence, un niveau de diplôme, pour être élu. Le contraire de la démocratie. Qu’ils y réfléchissent bien. Ce qu’ils critiquent, ce dont ils s’offusquent, c’est bien du suffrage universel lui-même. Or, pour tout démocrate, le suffrage universel ne peut pas se tromper.
Jean Sarkozy n’a pas été « nommé ». Si cela avait été le cas, les accusations entendues de népotisme pourraient trouver à s’exprimer à juste titre.
Jean Sarkozy a été élu, et c’est faire injure à ses électeurs, qui ont glissé en toute connaissance de cause un bulletin à son nom dans l’urne pour les représenter, de dénier à cet élu, qui détient autant de légitimité qu’un autre, la plénitude des possibilités qui lui sont ouvertes par son mandat, dont celle de devenir représentant du conseil général au CA de l’EPAD.
Le CA en question compte 18 membres. 9 représentent l’Etat, 8 les collectivités locales (dont 2 pour le CG, 1 pour la Région, 1 pour le STIF et 1 pour chacune des villes de Puteaux, Nanterre, Courbevoie et Paris), 1 la CCIP92. Aux administrateurs en question de faire leur choix lorsqu’ils éliront leur président, et chacun sait que c’est l’Etat qui décidera de cela, comme il décide d’ores et déjà de la nomination du directeur général qui détient le vrai pouvoir exécutif au sein de l’EPAD. Mais il ne peut être question de faire porter aux élus du conseil général, de la majorité comme de l’opposition, une responsabilité qui n’est aucunement la leur.