Il est temps de faire confiance

Retrouvez ma tribune :

Alors que notre pays vient de traverser une période inédite d’incertitude politique, et qu’un gouvernement vient enfin d’être constitué, il est plus que jamais nécessaire de se tourner vers ceux qui, quotidiennement, sont au contact direct des citoyens : les élus locaux.

Depuis trop longtemps, nous constatons et regrettons une centralisation excessive des décisions, souvent déconnectées des réalités locales. Pourtant, les maires et les élus locaux sont les premiers acteurs de la proximité et de la cohésion sociale, capables d’apporter des réponses concrètes et adaptées aux besoins des Français.

Nous faisons face à des défis majeurs : le réchauffement climatique, la transition énergétique, les mutations économiques et sociales, et la nécessaire transformation de nos villes et villages. Ces défis ne peuvent être relevés uniquement depuis Paris. Ils nécessitent une mobilisation de toutes les énergies, à commencer par celles des maires, véritables « piliers de la République ». Nous sommes des acteurs de terrain, au fait des spécificités et des urgences. Nous avons prouvé, notamment lors de la crise sanitaire, notre capacité à gérer l’urgence, à protéger nos populations et à organiser une réponse collective utile.

Pourtant, malgré ce rôle central, les élus locaux sont trop souvent marginalisés, voire méprisés. Très récemment encore, ils ont été injustement accusés d’être responsables du déficit public du pays. Une telle critique est non seulement infondée, mais elle reflète également une méconnaissance des réalités de terrain. Les élus locaux gèrent des budgets contraints, avec des ressources souvent limitées, tout en assurant des services publics essentiels pour les citoyens. Ils n’ont cessé de s’adapter, en optimisant leur gestion financière, malgré la baisse des moyens de l’État. En 2022, elles ont investi 72 milliards. Sans augmenter leur dette, qui ne représente, fin 2022, que 206 milliards, soit 7% de la dette publique, alors que les collectivités réalisent 70% des investissements publics chaque année.

Accuser les élus de mauvaise gestion relève d’une stratégie de diversion qui détourne l’attention des vrais défis auxquels nous devons faire face collectivement.

J’appelle donc le nouveau gouvernement à faire enfin confiance aux élus et aux collectivités territoriales, non pas comme de simples relais de ses décisions, mais comme de véritables partenaires stratégiques. Le centralisme technocratique a montré ses limites et a conduit le pays dans les difficultés où il se trouve. Les maires doivent disposer des moyens et de la liberté d’action nécessaires pour mener à bien leurs missions.

La France a besoin d’un État fort, qui constitue historiquement et culturellement le ciment de la nation. Mais elle a aussi besoin de territoires dynamiques et innovants. Cela passe par une meilleure répartition des ressources publiques, mais surtout une reconnaissance pleine et entière de l’expertise et de la légitimité des élus locaux.

Le temps de la défiance, du mépris et de la condescendance est révolu. Nous devons, au contraire, construire une relation de confiance, de coopération et de respect mutuel. Il est temps d’agir ensemble, dans un cadre de responsabilité partagée, au service de notre pays. Les maires et les élus locaux y sont prêts. Au gouvernement de saisir enfin cette main tendue.