TRIBUNE : « Il faut augmenter les salaires dans la fonction publique territoriale ! »
Tribune pour Acteurs publics salaires FPT nov 2023
“Aujourd’hui, plus de la moitié des agents publics territoriaux perçoivent une rémunération inférieure à 1,5 fois le Smic. Cette situation n’est ni souhaitable ni tenable”, souligne le maire UDI de Sceaux dans cette tribune. Il y urgence à mieux reconnaître le travail des agents territoriaux, ajoute celui qui est aussi le président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT).
En 2021, le salaire net moyen des agents de la fonction publique territoriale a baissé de 0,5%. C’est une situation que l’on ne retrouve ni dans le secteur privé, ni dans la fonction publique d’Etat, ni dans la fonction publique hospitalière, où le salaire augmente de 2,8%. Non seulement le salaire des agents publics territoriaux est plus bas de 30% à celui dans la FPE et la FPH, mais en plus, il perd en pouvoir d’achat. Et tout laisse à penser que la même tendance s’est poursuivie en 2022 et 2023.
Aujourd’hui, plus de la moitié des 1,9 million d’agents publics territoriaux perçoivent, à temps plein, une rémunération inférieure à 1,5 fois le SMIC.
Cette situation n’est ni souhaitable, ni tenable.
En effet, personne n’a démérité. Les agents de la fonction publique territoriale accomplissent des missions essentielles : servir l’intérêt général, garantir la continuité des services publics, assurer le bien-être des Français, contribuer au développement et à l’aménagement de notre territoire. Ils sont impliqués et engagés dans de nombreux domaines importants du quotidien des habitants, tels que la petite enfance, l’éducation, la culture, le social, le sport, le cadre de vie, la sécurité, etc. Ils doivent être traités et considérés à la mesure de l’importance des missions qu’ils accomplissent et que reconnaissent nos concitoyens, qui plébiscitent l’efficacité et la proximité du service public local.
Mais il y a maintenant urgence. Depuis quelques années, l’attractivité de la FPT est en net affaiblissement. Dans le rapport que Corinne Desforges, Mathilde Icart et moi-même avons eu l’honneur de remettre à la ministre de la Transformation et de la fonction publiques voici près de deux ans à ce sujet, nous soulignions que la faiblesse moyenne de la rémunération était sans doute la question principale à traiter, même si elle n’était naturellement pas la seule. La situation, de ce point de vue, s’est encore dégradée depuis. Déjà, certains équipements publics, des crèches par exemple, doivent fermer totalement ou partiellement faute pour la commune de pouvoir recruter des agents professionnels découragés par des niveaux de rémunération insuffisants, notamment dans les grandes métropoles où le coût de la vie est plus élevé.
Comment renverser cette tendance qui conduit à l’étouffement de nos services publics ?
D’abord en maintenant l’équité et la cohérence au sein de la fonction publique : il faut une parité entre les agents des trois versants de la fonction publique.
Ensuite, en reconnaissant mieux le travail des agents territoriaux : ils jouent un rôle essentiel dans la bonne marche de notre pays. Renforçons la marque employeur, développons ensemble la coopération et la prise d’initiatives, supprimons les différents freins à l’attractivité, passons des accords collectifs entre les employeurs locaux et les représentants des agents, etc.
Enfin et surtout, une juste rémunération est essentielle pour attirer et retenir des professionnels qualifiés dont nos services publics ont besoin.
Aujourd’hui, ces débats, notammentla révision du point d’indice en cette période où l’inflation malmène le pouvoir d’achat, restent arbitraires et répondent d’abord à des considérations budgétairesavant d’être économiques et sociales. Les décisions varient d’une année à l’autre, en fonction des décisions gouvernementales, sans réelle négociation préalable avec les syndicats représentants les agents publics et l’ensemble des employeurs publics.
Le gouvernement, par la voix du ministre de la Transformation et de la fonction publiques Stanislas Guerini, affirme aujourd’hui son intérêt pour une organisation pérenne de la négociation salariale, chaque année, dans la fonction publique. Tant mieux. Encore une fois, il y a urgence.
Comme il y a en même temps urgence à prendre en compte, sérieusement, les conséquences budgétaires de cette indispensable revalorisation salariale dans la fonction publique territoriale dans un nouveau partage des ressources publiques. Les collectivités territoriales, au même titre que le gouvernement, oeuvrent pour l’intérêt général et le bon fonctionnement de notre société, dans laquelle les fonctions collectives sont essentiellement assurées par le service public, à la différence de bien d’autres pays. L’immense majorité de nos concitoyens restent attachés à ce modèle Tirons-en toutes les conséquences, en confiance et en responsabilité.